La correspondance d'Albert Bailly Volume X Années 1677-1688 publiée sous la direction de Gianni Mombello
f Lettre 824 1 1 7 du stile se prend d'ordinaire en mauvaise part et les termes fleuris, dont feu Monsieur de Balzac' a rempli ses ouvrages, n 'ont pas fait sa reputation, n i sa gloire. Le grand secret d 'un parleur e t d ' un escrivain est de s'ouvrir par Jeurs paroles un chemin sûr, pour entrer dans les coeurs et pour y exciter les passions, et i l est certain que les fleurs, dont un discours est paré, n ' emeuvent point. E l l es entrent dans l 'esprit, mais elles ne passent pas j usques au coeur. Enfin je pense que le sti le fleuri n 'est supportable que dans les panegyriques qui, selon Aristote, peuvent souffri r les /[f' l v] ornements et même il les y croit necessaires: Congruent autem laudibus et caetera splendidamfacere dic tionem atque magnificam. Rhet[orica] ad Alex[andrum] cap. 34.6 Je reviens à mes manieres simples et naturelles de m' exprimer et je ne sçauroi s mieux l e s prouver que par Je sonet suivant que je puis i ntituler "Le simple" Caractere du premier secretaire du cabinet de M. R. Sonet7. exprimée agréablement; & lui avoir dit mesme, on ne peur rien souhaiter de plus fleuri; l uy fait dire en suite,je suispour/uni l 'homme du monde qui cerche aussipeu ces maniéres si.fleu ries[ . . . ]. Au reste . f l eu r i , à l'égard du stile, se prend d'ordinaire en mauvaise part, & on en peut juger par les exemples suivants . . .". Cf. D. Boui !OURS, op. cit . . Voir à ce sujet la lettre 803. 5 Jean-Louis Guez de Balzac, surnommé "le restaurateur de la languefi-unçuise'·, est ! 'un des écrivains français qui ont le plus contribué à réformer la langue française. Il était le fi l s d u maire d'Angoulême, Jean-Louis Guez, q u i fut anobl i et prit l e nom d u fief d e Balzac, au bord de la Charente, où il fit bâtir son château. La réputation de Balzac se fonde es sentiellement sur ses Lettres dont un premier recuei l parut en 1 624 et un second en 1 636: on y rencontre une élégance et une harmonie jusque-là jamais rencontrées dans aucun ouvrage en prose de langue française. La bibliographie sur ce personnage étant très vaste, nous nous bornons ici à signaler seulement quelques œuvres : G. GU I LLi\UMIE, J. -L. Guez de Balzac el la prose. fi"ançaise; contribution à l 'étude de lu langue et du style pendant la première moitié du XVIJ" siècle. Paris, A . Picard, 1 927; R. ZuBER, Les «Belles infidèles» et la formation du goût classique. Perrot d 'Ablancourt et Guez de Balzac, Paris, A . Colin, 1 96 8 ; B . BEUGNOT, Jean-Louis Guez de Balzac: bibliographie générale, Saint- É tienne, Université de Saint- É tienne, 1 979; Io., Fortunes de Guez de Balzac: actes du colloque de Balzac, 1 6- 1 9 septembre 1 997, Paris, H . Champion, 1 998. 6 Cette citation est tirée du 34'1110 chapitre de la Rhe1orica ad Alexandre, qui a comme titre De orationibus partibus in demonslrativo genere et que notre pré lat attribue faussement à Aristote, mais qui est plus probablement l 'œuvre d'un rhétoricien du IV< siècle avant Jésus-Christ: Anaximène de Lampsaque. Ce texte fut écrit à l 'origine en grec, mais Bail ly tire sa citation de la version latine de Francesco F i l elfo. Notre auteur s 'était déjà servi de ce texte lors de la rédaction de son discours d'ouverture de l ' Académie. Cf. G . MOMBELLO, Le discours prononcé par Mgr A lbert Bailly, cit., p. 325, note 1 2. 7 C 'est le sonnet dédié au premier secrétaire de cabinet Joseph Marie de L iechtenstein, qui avait été nommé le 23 novembre 1 676.
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