La correspondance d'Albert Bailly Volume X Années 1677-1688 publiée sous la direction de Gianni Mombello

1 24 Correspondance d 'A. Bailly - 1 6 77- 1 688 l 'approbation de la premiere Academie du monde, puisqu' e l le peut esperer, avec beaucoup" de raison, que les productions des grands homes qui l a com­ posent feront ! 'admiration de ! 'auguste v i l le, qui a eu le bonheur de vous faire naitre6. El le a ordoné, Madame, cette i ! lustre Acadernie, que mon eloge /[f' 1 v] soit inseré dans ses regitres7 et l a j oye que j 'en ai n 'est nullement produite de la gloire qui m 'en peut revenir, car mes deffauts m ' en ostent assez la veue, et la complaisance. E l le est certainement enfantée, cette douce joye, de ce que votre grand merite, Madame, qui a fait toute la substance, et tout le fonds de ma harangue a esté celebré par les plus eloquentes bouches du siecle et qui lui ont erigé un monument eternel dans leurs l ivres sacrés aux Muses, et qui doivent I ' etre à tous les homes. Ceux qui avoient veu mon discours êcrit, l 'avoient j ugé raisonable, au moins ils n'y trouverent rien à dire, mais la bonté qu ' i l s ont pour moy, leur fit croire par un scrupule d ' amitié, que ce discours auroit eu un peu p lus de succés, si je n ' y avoi s pas adjouté ce que mon ima­ gination eschauffée m' y fit j oindre. J ' avois oub l ié mes lunettes, qui sont les yeux estrangers des gens de mon âge, il falut donc faire de necessité vertu, et dire de tête ce que je ne pouvois pas l ire, et ce ne fut pas peu de hardiesse et de bon-heur, à une persone de 73 ans, de soutenir une heure durant une action aussi importante que celle où j e m' etois engagé, et qui etoit capable / [f'2r] de faire trembler les plus hardis courages�. E t j e crois que ceux qui ont parlé aprés moi en seront bien d ' accord. Neantmoins, Madame, ce que je dis de plus de ce que j ' avois escrit, non seulement ne gata rien, mais les bons co­ noisseurs, qui ont pris la peine de voir mon apologie, en ont trouvé les raisons invincibles. Ce fut, Madame, ! 'auguste presence de V.A.R. qui m 'anima, et 6 Le 1 2 mars 1 678, la duchesse royale écrivait: "Les bonnes causes ont besoi n de bons juges. Les ouvrages academiques n ' en peuvent trouver des plus celebres, et plus au dessus de toute exception, que ceux qui composent l 'Academie de Paris, où votre discours a receû l 'applaudissement que vous nous escrivez. La part que nous prenons à vos avantages nous rend fort sensible à celuy-cy qui est assurement considerable. Vous avez sujet d'en estre satisfait au dernier poinct, et nous le serons toutes les fois que nous aurons l ieu de nous donner des preuves de nostre estime, soyez-en cependant bien persuadé, et sur ce nous prions D ieu. Etc". A.S.T., Corte, Registri di /ettere della Corte, m. 53, Registra delle let­ tere scritte da M . R. nell ' anno 1 678. Libro primo, cominciante i l primo gennaro e fin iente ! 'ultimo marzo. 7 Les registres qui contiennent les comptes-rendus des séances de l ' Académie Française ne semblent avoir conservé aucune copie de ce discours. Cf. Les regisrres de / 'Acadé­ mie Françoise: 1 672- 1 793 / [pub!. par] l ' Académie Française, Fac-sim. de l 'éd. de Paris, Firmin-Didot, 1 895- 1 906, Genève, Slatki ne, 1 97 1 , 4 vols .. À Mme Amatuzzi va notre s incère gratitude pour avoir mené cette recherche pour nous. � Cf. la note 3 de la lettre 805.

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