La correspondance d'Albert Bailly Volume X Années 1677-1688 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Lettre 82 7 1 29 de satisfaction. La chose n ' etoit pas neantmoins peu i mportante, car i l s'agis­ soit d ' une imposition de ci ncq centz mille livres sur le peuple, et il seroit bien à propos que les souverains; eussent un consei l de conscience auprés d'eux 1 1 . Je crois, Monsieur, que vous aurez veu le lettre que Monsieur l 'abbé de La Chambre11, i l lustre membre de l ' Academi e de Paris14, m'a escrite sur l a lec­ ture qu ' i l a pris la peine /[f'2v] de faire à cette Academie là du d iscours que j 'eus l ' honeur de prononcer dans cel le da M . R. à Thurin et en sa presence1 5 • Cet Abbé, comme vous aurez pü voir, m 'ecrit que ces i l l ustres maitres de l 'eloquence ont aprouvé mon ouvrage, 1 l ' ont chargé de m' en remercier et de me d i re qu ' i l [s] l 'ont fait mettre dans leurs registres 16. Je ne le prononçoi pas comme je l ' avois escrit, au moins entierem[en]t, mais ce que j 'y adjoutai, sans rien oublier de la substance, ne gata rien, et ce fut un secours visible que Dieu me rendit si à propos que, n ' aiant pas mes l unettes pour l i re ma harangue, j 'eus pourtant assez de courage, de memoire et de force pour me souteni r une heure durant, et pour parler de teste sans hesiter. Je vous prie, Monsieur, de prendre la peine de dire à M.R . le succés qu ' à eu ma111 harangue dans la v i l l e de sa naissance, où l e s conoisseurs sont si excellents e t s i desinteressés. E l le en sera sans doute bien contente, car j e ne doute point qu'elle n ' ai t l a bonté d 'aimer les advantages de son ancien pere Al bert, et que rien ne sera capabl e d e me defigurer s i fort auprés d ' e l le, qu'elle n e reconoi sse tousjours mon vi­ sage nature l . La lettre de I ' Academie de Pari s, soit de son deputé, est entre les mains de Monsieur l ' abbé de La Tour1 7 et sortes mea in manibus suis, mon coeur y est tout de même, parce qu ' i l est l e coeur, Monsieur, de votre tres humble, tres obeissant et tres redevable serviteur D. Al bert E. d'Aoste. 1 2 Cf. la note 3 ci-dessus. Bailly fait probablement allusion à l 'épineuse question des déci­ mes demandées par le pape A l exandre VI 1 en 1 66 1 , et qui fournit l'occasion aux Valdôtains d'affirmer leur gal l icanisme. Ces arguments ont déjà été traités dans le volume de la cor­ respondance de notre prélat remontant à cette période. Cf. Con: VII, p. 44 et suivantes. 13 Cf. la note 3 de la lettre précédente. 14 Sur l'Académie Française et ses origines voir P. PELLISSON, Relation contenant / "histoire de l 'Acodémieji·onçaise, Paris, P. Le Petit, 1 65 3 ; P. PELLISSON, P.-J. D'OLIVET, Histoire de l 'Académiefi-anç·uise, Paris, Jean-Baptiste Coignard fils, 1 729. 15 Cf. note 2 de la lettre 798 et passim. 1 6 Cf. la note 7 de l a lettre précédente. 1 7 Ce personnage, secrétaire de l ' Académie Françoise et I talienne, a été identifié à la note 5 de la lettre 8 1 9.