La correspondance d'Albert Bailly Volume X Années 1677-1688 publiée sous la direction de Gianni Mombello
1 36 Correspondance dA . Bailly - 1 6 77-1 688 d'elle, de l a mal ice de mon grand âge4• En effet, comme je m'aprochoisc "Hé rne dit-elle -, qu 'avez-vous aux jambes, il me semble que vous boitez". "Point du tout, Madame" - l u i dis-j e - et remontant sur me bête, je me mis, selon mon anciene / [f05v] et politique maniere d ' entretenir les princes, ln quomm oculis (pour parler en termes sacrés) inveni semper gratium5 agreablem[en]t, et j amais importunement, mais tousjours oportunément. C ' est S [ain]t Paul qui m' a apris ce mot, oportuné. Qu'on ne le condanne donc poi nt. Quelle digression! B ien, j 'entre ou j e retourne d'où j 'etois sorti . Je me fisd donc une defence, et une protection contre la remarque de Mc. Rte, de ma belle humeur. / [ f03r] Et lui fis cent de ces comptes egaiez, où l ' intrigue n 'entre point, et aprés lesquels on dit, que cet home a dit agreablement rien. Mais sçavez vous bien, Monsieur, qu ' i l n 'apartient pas à tout le monde d ' entreteni r M . R. epouventa blement delicate et eclairée, ni les spirituelles de son caractere, deux heures durant sans leur parler de inpes, de finances, de gueriers, d 'affaires etcoetera. li faut être furieusement fecond, da6, pour fournir cette depence, et prendre tout chez soi . /[f"3v] Et il me souvient d'avoir presché autrefois que les me d isants devraient s'absteni r de parler mal d ' autrui même politiquement1, pour ne pas s ' attirer le mepris de ceux qui l es écoutent, qui disent surtout à Paris "A ça! cette persane est bien sterile de ne pouvoi r rien trouver dans son fonds capable d ' entretenir une compagnie, et qu ' i l fai lle, q ue faute de fecondité, i l aille comme une avette7 emprunter ail leurs des pensées, e t des expressions". Tant y a. Que d isions nous, Monsieur? "Ah ! I l m' en souvient que j e dis mi l le choses à ma / [t'°4r] divine Souveraine de cette badine, mais fine man ière qui l a fitg rire de bon cœur. Mais en voulez vous aprendre une qui plût tout à fait à l a Princesse? En verité j e ne puis plus écrire, mes 74 ans engourdissent mes doigts. Vous vous en apercevez sans doubte, car je n ' ecris point si b ien que d1 dessus. Souffrez donc que 111on secretaire8 111'assiste. 4 Bailly mentionne le voyage qu'il fit à Turin pour prononcer le discours d'ouve1ture de l ' Académie Française et Italienne entre la fin d'octobre et le 1 4 novembre 1 677. À l 'épo que notre prélat souffrait de la gravelle, et il dut se rendre à Turin à l 'aide de po11eurs, puisqu ' i l affirmait qu'il n'allait p l us "ni à cheval, ni en carrosse, grace à la gravel le" (cf lettre 808). 5 Cette phrase revient plusieurs foi s dans les Saintes É critures, sous des formes u n peu différentes. Nous ne donnons ici que quelques rétërences: Exod. 33, 1 3 ; Num 1 1 , 1 5 ; l Reg. 27,5; Esth.7,3 et 8,5 . 6 Particule qui ne s ' utilise qu'après une affirmation ou une négation. l i est du style familier et bas. Cf. Dictionnaire de ! 'Académie, cit. , t. !, ad vocem. 7 Cette fom1e est attestée et dérive du latin apis. FEW, t. l, pp. l 04- 1 05, s.v. apis. 8 Personnage non identifié.
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