La correspondance d'Albert Bailly Volume X Années 1677-1688 publiée sous la direction de Gianni Mombello
Lettre 830 1 37 Je l u i dis donc qu ' une veille des Roys feu le duc Victor Amé'\ la cour estant à Querasc 10, envoia à feu M. R. Christine un baston de marechal de camp enrichi de diamants, avec une bourse de mi l le p i stol les, et cela à huit heures du soiri. Cette Princesse m 'envoia incontinent /[f04v] querir, me fit voir tous ces pre sents, et riant contre moi, m 'en demanda mes sentiments, en vers sur ce champ, car i l ne me couste gueres de dire des bagatelles; je lui respondis. l i faut remar quer que le cabinet de cette Princesse estoit esclairé de quantité de bougies et de flambeaux et que la bourse estoit sur l a table toute ouverte. Je respondis donc, sans me consulter, et vous en jurerés sans doute l i sant mes meschants vers: Ces diamants plus clairs que ces flambeaux, Sont parfaitemement beaux; Mais ce que je vois sur la table M ' est un objet bien plus aimable. Je n ' eus pas sitost achevé ce quatrain, q ue feu Madame la marquise de S [ain]t Gem1ain 1 1 , cette mi raculeuse Astrée, qui avoit pour moi une bonté infinie, m 'arracha mon1 chapeau d ' entre mes mains, et mettant les siennes toutes bel les, toutes bien faisantes, dans cette bourse, elle remplit mon chapeau de cet or, et feu M. R . y en adjouta encor. En passant, ce seroit bien toute ma passion, et il seroit /[t°6r] mesme de la gloire de Madame la marqui se de S [ain]t Maurice 1 2 qu'elle imitât la l i beralité de sa mere, comme elle lui est esgale en tout le reste, et que se trouvant un jour auprés de M. R . quand j ' y serois aussi, elle prit quelque chose à M. R . quand ce ne seroit qu'une de ses plus bel les bagues, et me la mi t dans le doigt. On l ui en feroit un 9 Victor-Amédée I" ( 1 587- 1 637), duc de Savoie. Cf. n. 2, lett. 794. 10 En 1 630, Christine de France séjourna avec toute la cour à Cherasco pour échapper à l ' épidémie de peste qui s'était propagée dans toute l ' Europe et avait provoqué plus de trente mille morts seulement dans le Piémont. C 'est dans ce petit village situé à quelques l ieues de Turin, que la paix entre Espagnols et Français fut signée. 1 1 Ce personnage revient maintes fois dans les premiers volumes de l ' édition de la corres pondance de Mgr Bai l l y et p lusieurs hypothèses ont été formulées sur son identification. Il devrait s'agir de Marguerite Maillard de Tournon, dame d'atours de la duchesse royale Christine, qui épousa Octavien-Antoine Saint-Martin de Saint-Germain. Elle mourut à Turin le 1 0 mars 1 637. En 1 640, son mari épousa en deuxième noces Louise-Christine, fille de Louis Du Mas de Castel lane d'Allemagne. Dame d'atour de Madame Royale, elle mourut à Turin le 3 mars 1 687. Cette dernière, aussi appelée marquise de Saint-Germain, fut la gouvernante du prince Victor-Amédée II, au moins j usqu'en 1 673. Cf. A. MANNO, op. cit. , t. XVI, p. 327; G. GALLI DELLA LOGGIA, op. cil., t. !Il, pp. 26-28. 12 Louise-Marie de la famille des Saint-Martin d'Aglié, dame d 'atours de Madame Royale. Cf. A. MANNO, op. cit. , t. XVI, p. 327.
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