La correspondance d'Albert Bailly Volume X Années 1677-1688 publiée sous la direction de Gianni Mombello

1 42 Correspondance d 'A. Bail � '/ - 1 6 77-1 68?1 assûrement des grands homes, et remplis de beaucoup de zele, j e creins seu­ lement qu ' i l n ' y ait de l ' excés, qui gâte tout, parce que c ' est uneh extremité qui est incompatible avec la vertu qui a uniquement la mediocrité pour son caractere. Ce n 'est que dans le ciel que cet excés est innocent. /[f' l v) Les bien : heureux seulement ont droit d 'aimer Dieu excessivement, parce que l a beauté d e D ieu qu ' i l s voient e t q u ' i l s possedent aiant des charmes infinis, e l l e merite par proposition un amour excessif n e pouvant pas étre comme e l le, infini. Même un Saint Pere a fait scrupule d 'appel ler cet amour excessif tant l ' excés l u i etoit suspect; i l l u i a donc" i mposé le nom d 'abondant, c 'est à d ire que D ieu, pour une derniere reconoissance q u ' i l a des services que l u i ont rendu les saints sur la terre,<1 recompense et courone leur charité d ' une espece de nouveau fou, qui sans changer sa substence, la rend plus tendre et p l us forte. P l eust à D ieu, Madame, que nous puission s ici bas bruler de ce d i v in amour, et étre [sic] tous des seraphins. I l faut attendre le bien: heureux mo­ ment qui nous /[f'2r] associera à ces esprits d ' amour, pour aimer Dieu autant qu ' i l s l ' ai ment, et cependant nous devons nous contenter dans le monde des vertus mediocres qu' i l plaist à Dieu par sa seule m i sericorde nous verser. C ' est lui qu i nous fait saints, et au degré d'elevation que bon lui semb le. Nous devons b i en aspirer à une haute perfection, mais non pas à celle des bien:heureux; il suffit que nous travail lons à acquerir cel le dont" nous somes capables, et pour faire un bon usage des nouvelles, et rigoureuses morales, i l faut les l i re comme des consei ls, et non pas comme des preceptes. J e prens la l iberté, Madame, de presenter à votre pieté l e l i vre c i 1 j oint, et de l a s uppl ier de se fai re l ire l ' instruction dixieme et onzieme { page 58 et suivantes j usques à la 64" }g7, et assurement elle d ira que l ' auteur conse i l l e /[f'2v] seulement les saint, et dures pratiques q u ' i l enseigne, et q u ' i lh n 'en fait pas une loy, autrement i l faudrait que V.A . R . se defit de tous les ornements royaux qu i sont bien seants à vostre d i gn i té, e t que vous prissiez des habits de s imple serge. J 'ai commencé u n ouvrage sur ces morales du temps8, eti si D ieu me done assés de v i e pour l 'achever, i l pourra eclaircir ces nouvelles opin ions, et consoler les consciences, sans b l esser ceux qui leur font de la peine par trop exiger d 'e lles. Monsieur Panealbo en a veu c inq trai tés que j 'a i desj a travail lez [sic] e t i l espere q u ' i l s pourront produire quelque bon effet. D ieu le veu i l le par sa sainte grace, et m ' en faire une particuliere et que j e souhaite 7 Nous n ' avons réussi à identifier l ' ouvrage auquel Bailly fait allusion ici. 8 Il devrait s ' agir des Lettres pastorales écrites à Messieurs les curés que Mgr Bailly pu­ blia en 1 679 à Chambéry chez Riondet. Ces lettres, au nombre de sept, furent dédiées au cardinal Cibo.

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