La correspondance d'Albert Bailly Volume X Années 1677-1688 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Lettre 835 1 49 mon cœur, vous vous verriez regner souverainement dedans, et par une même su i te tout puissant sur moy. Oui, Monsieur, je vous le j ure, je n ' a i rien dont vous ne puissiez disposer, à la reserve d ' un seul bien, dont Di eu même ne veut pas me priver, et c ' est de mon honeur. Le negl iger, dit S [ain]t Augustin, c'est commettre une espece de parricide; et j e viens de l ire dans S[ain] t Basile, c'est en son epitre 82, qu 'aiant receu des lettres d ' un de ses amis, par lesque­ lesa i l lui donoit avis qu 'on le calomnioit, i l en fut si touché, tout saint qu ' i l etoit, qu' i l s'ecria, et escrivit aprés s a peine, en ces grands termes. Ad hasce litteras animatus ut par erat, et ad tam inopinam, ac subitam immutationem animo processus, nec respondere quidem poteram; palpitabat enim mihi cor, lingua me destituebat, et plane patiebar, quod animo solet parum for!Î acci­ dere. Dicendum enim quod verwn est, et tamen venia dignum, deinde parum aberat quin odium erga humanum genus exorbitassem, suspectique mihifiiis­ sent omnes hominum mores, arbitranti in natura humana non esse charitatis bonum. sed verba quadam plausibilia adornatum, et cultum eorum quibus uti velis conficta, ajf'ectum vero ilforum secundum veritatem non inesse cordi hu­ mano 3 . Enfin le p l us sage des rois fait de la calomnie la faiblesse, et le renver­ sement d'esprit des p lus sages. Calumnia conturbat sapientem, etperdet robur cordis illius4. Tant d 'authorités vous persuaderont facilement, Monsieur, que la mal ice avec laquelle vous prenez la peine de /[f' 1 v] m 'ecrire que ce pretre rebelle ernpoisone mes plus innocentes actions, m 'a sans doute terriblement irrité contre l u i , et qu 'enfin ma dign ité est obl igée d ' en demander aux" j uges une reparation publique. Aprés cela il y aura un moyen de m 'obliger à le voir. C'est quand il reviene i c i converti, et que pour faire ce veritable retour à D ieu, il entre dans un seminaire où j e paierai sa pension. Ecce ultimum potentia mea. Nous avons tous, Monsieur, deux moiens qui ont ordre de nous ouvrir le chemin du ciel, la grace et la vocation. La grace en est la disposition prochai­ nec, et la vocation est l 'eloignée. La premiere est si attachée à l 'autre, qu'elle en est inseparable, et i l faut absolument entrer dans la vocation où D ieu nous appel le, pour y trouver la grace, et en elle, la gloire. Rien ne marque m ieux l ' ex istence et la Providence d ' un Dieu, que cette l iaison de sa grace, avec la montre le tout au Conseil des Commis selon les pri v i leges du pays". A . S. T., Corte, lettere dipartico/ari, B, l iasse 38. 3 On peut trouver la versi on originaire de l 'épître LXXXTI, dans Patrologiœ Grœcœ, vol. 1 1 1 , col. 0286. On peut aussi consulter l 'édition moderne avec la traduction en regard dans SAINT BASILE, lettres, texte établ i et traduit par Yves Courtonné, Paris, Les belles lettres, 1 957- 1 966, 3 vols. 4 Eccl. 7, 8.

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