La correspondance d'Albert Bailly Volume X Années 1677-1688 publiée sous la direction de Gianni Mombello
1 58 Correspondance d'A . Buil(r - 1 6 77- 1 688 Si l' Empereur Charlequin3 [sic] , et le roy François premier eussent apporté p l us de d i l i gence à s 'opposer, l e premier à l 'heresie de Luther en Al lemagne, et l 'autre à celle de Calvin en France, elles n ' y auraient pas gâté tant d 'arnes comme e l l es ont fait. Sur ce pied, s i l 'on n ' empesche la suite des nouvel l es, et dangereuses opinions qui se debitent en Savoye, i l est à creindre qu ' el les ne l ' infectent. Je pourrais vous marquer une infinité d 'erreurs dont les l ivres nouveaux sont pleins, et dont j 'ai escrit une pa1iie à Rome, et en Savoye, et as sez heureusement5. En voici une seule, imprimée dans le l i vre intitulé Morale Chrestiene, sur / 'oraison dominicale6 au ! [ivre] 8" sect[ion] 5" art[icle] 1 "' ver[set] 2 j usques à la fi n, où i 1 est dit que Dieu nous envoie des graces /[f0 1 v] exterieures comme sont les bons exemples, les exhortations, et coet[era]" affin de nous rendre plus coupables par le mêpris qu ' i l sçait que nous en ferons, et que c ' est ainsi qu ' i l faut entendre cette petition de l 'oraison dominicale. Et ne nos inducas in tentationem7, et que l ' Escriture sainte se sert de cetted expression qui l ' induit\ c 'est à dire qu ' i l expose cette ame aux' tentations en lag l u i presentant, ou opposant11 comme autant de pierres d ' achopementi qui la font tomber. Remarquez, Monsieur, en passant, s ' i l vous plait, que cette doctrine est forme l lement opposée à cell e de l ' Egli se qui enseigne que Dieu permet la chûte de quelques ames corrompues, en ne leur accordant pas les se cours effi caces qui leur ferai ent eviter ces chûtes. Penn issive, d isent les theo logiens, et non effective. Et cet autheur tout au contra ire dit avec impieté que Dieu nous presente des graces, effective[s]1, comme des ecuei ls, et des pierres d ' achopements pour nous faire tresbucher. Ainsi il fait faire à Dieu ce que Dieu nous defend, c' est à dire de tenter notre prochain en lui donant occasion de mal faire. Nec coram coeco panes oflèndiculum, ne ponatis oflendiculum fratri, vel sca11da/11m. \Levit[icus] Cap[itolum] 1 9. Ep[istolae] ad Romanos 3 I l s'agit de Charles Quint ( 1 500- 1 558). empereur germanique. 4 Le roi de France François ]" ( 1 494- 1 547), rival du puissant Charles Quint. 5 Bail ly pourrait faire allusion à son ouvrage Dispurariones de rraditionib11s apostolicis contra haereticos. Pau, 1 643, in -4°. Nous n'avons pu trouver aucune copie de cet ouvra ge. 6 li s'agit de la Morale Chrétienne sur l 'oraison dominicale du j anséniste Pierre Floriot. Cet ouvrage, qui comprenait plusieurs sennons, fut publ ié pour la première fois en 1 672 et il fut réédité plusieurs fois. 7 Quure nos. Fatres carissimi, divina locutione dicentes [F. discentes}, postquam cogno vimus ad orationem qualiter accedere debeamus, cognoscamus, dice11te Domino, quid oremus: sic inquit, orate: Pater noster qui es in coelis. sanctificetur nomen tuum, advenial regnum tuum, fiat vo/untas tua sicut in coelo et in terra: panem nostrum quotidianum da nabis hodie, et dimille nabis debita nos/ra, sicut et nos dimittimus debitoribus 110.1·tris; et ne nos inducas in tentationem, sed !ibera nos a malo. Amen.
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