La correspondance d'Albert Bailly Volume X Années 1677-1688 publiée sous la direction de Gianni Mombello

1 66 Correspondance d 'A . Baillv - 1 6 7 7- 1 688 habit secul ier. J ' apris de p l us qu 'on lui avoit dit que S.A. R. l a vou loit marier à un des principaux seigneurs de Piemont qui étoit a lors à I 'Academie 1 1 , on lui en dit le nom1 2 • Une j eune fi l l e auroit bien eu de la peine à ne pas se rendre à tant d 'enchantements, si D ieu ne l 'eut puissamment fortifié comme il fit. Neantmoins la rel igieuse sa gouvernante, qui est ma n iece 1 \ m 'aian t d i t que tant de flateries sembloient avoir un peu amol l i la constance d ' Adeléde. Pour la retabl ir, Dieu m ' inspira de la faire peindre en habit de religieuse, " d 'envoier son portrai t à S.A.R. et de l ui representer que cette fi l le estant néé pour la re­ l igion, comme toutes les aparences y estoient. Je croi ois qu ' i l approuverai t la pensée que j ' avois eu, et executé de faire prendre l e petit habit de rel igion à cette fi l le, et que quand elle auroit l ' âge, il pourroit bien consentir qu ' el l e prit le grand. et qu' en cette veüe elle fut élevéé en novice pretendante 14• De plus, pour lui marquer le dessein que cette fi lle avoit formé de quitter le monde, je lui écrivis dans un petit bil let l ' attaque que lui avoit faite la duchesse Colone, et la force avec l aquelle elle lui avoir resisté1 5• Le pri nce n 'agrea pas tout à fait ma proposition, comme V.A . R. pourra prendre la peine de voir dans la réponce qu ' i l me fit, et que j 'ai enferméé dans ma lettre 16• Mons[ieu]r le marquis de Cazelle me confirma depu i s , dans l ' opinion que j 'avois conceüe, du peu de disposition que le Duc avoi t à promettre qu 'Adeléde se fit rel i gieuse, parce que ce marqu i s i nspiré, lui aiant dit quelque chose du dessein de cette fi l le, i l l u i répondit brusquement, e t e n peu d e mots qu' i l y avoit du temps à y penser. Enfin, pour abreger la Superieure du monastere 1 7 aiant demandé à ce Prince 1 1 Comme le terme est employé ici dans une acception fami lière, nous croyons qu ' i l s ' agit de l ' Académie Françoise et Italienne que Marie-Jeanne-Baptiste venait de créer. Sur ce sujet voir l es lettres 796, 797, 798, 805, 807. 12 Malgré nos recherches, nous n ' avons pu éclaircir cette a ffaire. Le peu d ' informations que nous avons à ce sujet ne nous permettent non plus de fourn i r des hypothèses à propos du nom du prétendant. 13 Il s'agit de Jeanne-Marguerite Bail ly, qui avait fait sa profession au monastère de la Visitation d'Annecy. Elle était arrivée en 1 660, avec une dot de 1 500 l ivres que son oncle lui avait assignée. Cf Mgr J. Duc, Histoire . . . , cit., t. VII, p. 240; M .-S. B IONAZ, op. cil., p. 86. 14 Dans une lettre de Bailly du 1 6 août 1 67 l , adressée au duc Charles-Emmenuel J 1, on peut lire: "il y a quelque temps, Mons[ieur] le President G[e]n[er]al des Finances de V.A.R. de lui demander permission qu'on donat à cette demoiselle le petit habit de la religion de la Visitation, pour satisfaire son ardent desir; et m 'aiant fait rêponce que V.A.R. y consentoit, je le lui donei hier, jour de la feste de !'Assomption de la Vierge.". Cf. Corr. VII!, lettre 625. 15 Notre prélat fait probablement allusion à la lettre 673, commentée et transcrite par A. Amatuzzi dans Corr. IX, pp. 62-63. 16 Cette lettre n ' a pas été retrouvée. 17 La supérieure du monastère de la Visitation était à l ' époque Aimée-Bénigne de Lucinge. Née en 1 633 de François Melchior, frère de Prosper Marie et de Béatrice Seroz, elle était

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