La correspondance d'Albert Bailly Volume X Années 1677-1688 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Lettre 840 1 67 le pai ement des pensions de Mademoiselle de Cavours 1x, et de Mademoise l l e Adelêde, sœurs, sans les distinguer, e t disant qu'avec ce petit entretien q u ' i l leu r doneroit, i l s e dechargeroit d ' une grande dêpence, i l m' êcrivit avec u n peu d e ressentiment qu ' i l y avoit grande difference entre l ' une et l ' autre, et que je le fisse sçavoir à cette rel igieuse. Je n 'eus garde, Madame, de lui obeir parce que \cette/ maniere differente dont i l parloit de ces deux fil les auroit doné à la Superieure quelque pensée que S.A . R . declaroit Adelêde pour siene, et n 'auroit pas manqué de la regaler de cette bone nouvelle, ce qui vraisembla­ blement auroit êté un coup /[t102r] mortel à sa vocation. Je prens encor la har­ diesse, Madame, de vous envoier la lettre que ce Prince m ' êcrivit. Aprés toutes ces tentatives i nuti les, le Duc en fit une derniere qui êtoit capable de veincre toute la constance de cette fille s i Dieu ne m 'en eut doné assez pour l ' eluder. C'est que feu Mons[ieu]r Sansoz19 me fit une lettre de la part de S .A. R . , par laquel le il me comandoit de lui êcrire que l ' air de la Val d 'Aoste n 'estoit pas favorable à Adelêde, qu'elle êtoit souvent malade, et que s ' i l vouloit la fai re vivre, elle devoit changer de c l imat, et aller à Thurin qui êtoit son air natal. Je ne sçai que dire, Madame, de ma hardiesse. Peut estre pourrois-je bien en avoi r eu quelque fois trop, mais en verité j e suis bien content de moi, de la har­ die l iberté que je pris a l l ors de rêpondre avec une rnaniere enjouée, qui m' est assés naturelle, qu ' on me prenoit pour un doneur de fâcheuses nouvel les, que j ' avois toujours fait profession de ne dire j amais rien de desagreable aux prin­ ces, n i pas mesme d ' equivoquer, et que sur ce pied je ne pouvois êcrire sinon qu'Adelède se portoit bienè0. La guerre qu ' on l ui faisoit finit par là. On ne me la demanda plus. Enfin, la voilà qui est à bout de toutes les peines que l 'esprit malin lui a faites, et moi en estat de faire un j uste eloge à la pieté, et à la bonté que V.A. R . a eu d ' appuier de ses roiales l iberalités la vocation d 'Adelède, et de vous supplier tres humblement, Madame, d 'agreer le zele avec lequel j ' y ai aidé les desseins d e Dieu pour verifier, e t pour soûteni r la qualité d ' ai deb entrée au couvent de la Visitation d'Annecy avec sa soeur Péronne, le 6 janvier 1 650. Supérieure à la Visitation de Thonon en 1 664, elle passa ensuite à la Visitation d'Aoste. Sa correspondance avec la cour turinoise est aujourd'hui conservée aux A.ST , Corte, lettere diparticolari, L, m . 44. Cf. Mgr J . Duc, Histoire . . . , cit., t. V I I , p. 344; E.-A. DE FORAS, op. cil. , t . 1 1 , p. 343 ; Abbé HENRY, op. cit. , pp. 227; T. TIHALDI, op. cil. , t. IV, p. 259. 18 Françoise-Christine Bens de Cavour (lett. 790, n. 2). 19 Jean-Claude Sansoz ( lettre 785, n. 7). Dans la correspondance que les A .ST conservent de ce personnage nous n ' avons trouvé aucune mention de ce sujet. 20 Bailly fait mention de la santé de Adélaïde dans une lettre seulement ( Corr. IX, lettre 699), dans laquelle il écrit: "Nous avons pensé perdre Mademoiselle Adelêde d ' une fievre continue acompagnée de tres fascheux accidents mais, Dieu merci , elle est bien guerie".

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