La correspondance d'Albert Bailly Volume X Années 1677-1688 publiée sous la direction de Gianni Mombello

1 76 Correspondance d 'A. Bailly - 1 6 77- 1 688 cette l ettre en presence de Monsieur le Gouverneur, et de nos deputés4, et je soutiens encore avec serment que Monsieur le Gouverneur voiant les commu­ nes, et plus ieurs des Commis obstinés à ne vouloir pas donner approchant de deux cents cinquante mi l le li vres, me pria de les obliger à donner deux cents quarante mi l l e livres, et qu ' i l leur faisoit esperer que vostre bonté leur en re­ mettroit dix mi l le . Et je le fis heureusement sans aucune condition, et il en füt si satisfait qu ' i l dit mille biens de moi à Monsieur le Yi bai l li f' qui m ' en regala, et lui mesme en sortant me dit ces paroles: "À present que tout est fait nous nous verrons plus l ibrement sans craindre de donner aucun ombrage à per­ sonne", et m ' invita disner avec l u i . Madame, si j ' avois crü la plus grand part des membres du Conseil qui m ' inspiroient d ' accorder seu lement deux cents mi l le l i vres, la noblesse n ' y auroit adjouté que v i ngt mi l le; et on sçait bien que les eveques sont tousjours pour le peuple, et qu ' en F rance le Roy les cajole aux pays d' Estats, et leur promet des abbaies pour les avoir de son costé. C ' est donc, Madame, ma coustume de ne dire pas d 'abord tout ce que mon zele me pourroit inspi rer, mais je prie mes amis de faire plus que moi. Enfin, q uand le Gouverneur n ' est pas satisfait, il demande plus, et on tasche de la satisfaire. Lorsque S . A . R . se maria la premiere fois\ on eut beau crier, les Etats n ' ac­ corderent que deux cents mi l l e l ivres, et aiant porté ce donatif malgré moi, à Thurin, j ' y en fis encor adjouter dix h uit mi lleb7 et M. R . d 'heureuse mémoire� fut si contente qu'elle m 'en fit donner trois mil le". Quand V.A . R. se maria, on lui fit un donatif de six mi l l e /[f"2r] cent et onze pi stol les9 qu'on paia contant, 4 Le gouverneur était Thomas-Féli x Ferrero, marquis de La Marmora, tandis que le Conse i l Général avait député François-Jérôme de Challant e t Louis-Joconde de Val laise, accompa­ gnés par le nouveau trésorier du duché d'Aoste, Grat Me i lleur. ; B laise Beltram (n. 2, lett. 79 1 ). " Bailly fait allusion ici au mariage du duc Charles-Emmanuel If avec Françoise-Madeleine d'Orléans. Ce sujet a déjà été traité dans les volumes précédents de l a correspondance de notre prélat. Sur ce mariage voir en particulier Con: VIII, pp. 1 0-20. 7 Lors de la convocation des É tats Généraux, Charles-Emmanu e l Il prétendit un donatif de 200.000 l ivres à payer en six semestres à partir du mois de j u i n 1 663; au contraire, le duché lui avait proposé de )'augmenter de 1 8.000 florins à condition qu'il acceptât de d itlërer l e paiement e n quatre ans e t d e six e n s i x mois. Cf. E.-F. BoLLi\TI, op. cit. , t . I l l , pp. 282-322 (compte-rendu de la séance du 27 octobre 1 662); Cori'. Vif, lettre 529. 8 Christine de France. 9 11 est question i c i du donatif oftèrt par le duché d'Aoste au duc Charles-Emmanuel I l , à l'occasion de s on mariage avec Marie-Jeanne-Baptiste de Savoie-Nemours. Le 1 7 aoüt 1 664, le duc avait demandé au duché d'Aoste un nouveau donatif en soulignant qu'il aurait dû être "le plus considerable possible". Le 8 septembre suivant, le duc fit convoquer 1' Assemblée Générale pour entamer la procédure. Dans la séance du 1 8 septembre, le gou-

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