La correspondance d'Albert Bailly Volume X Années 1677-1688 publiée sous la direction de Gianni Mombello
1 80 Correspondance d 'A. Bailli- - 1 6 77- 1 688 pour punir mon orgue i l , et pour en faire une j ustice publ i que, votre generosité ordonera à celui qui vous rendra cette lettre, de me faire un petit eloge de votre part, et de le dorer, corne j 'ai doré le vôtre. J 'ai l ' honeur, Madame, d ' etre, en qual ité d 'evesque, un des premiers membres de votre Academie, et ce fut pour souten ir ce caractere que j ' envoiai l 'original même de votre panegyrique à V.AR. par les mains du plus cloquent de notre compagnie5, esperant que, pour mettre de l 'egal ité entre ceux qui ont eu la gloire de /[f0 l v] parler en votre presence de vos merites infinis, il vous persuaderait que vous feriez une action pleine de bonté et mesme de j ustice de me doner ce que vous avez doné aux autres1'. C ' est par cette raison, Madame, que j 'envoie la coppie de ce même eloge à Monsieur le Surintendant de vos finances7, pour vous le mettre entre les mains et pour vous representer encore que, pour rendre egaux les chefs des Troi s Etats de cette prov ince et les deux princi paux membres de notre corps, qui tous tro i s y ont solemnel lement celebré vos louanges, il serait de votre generosité de rendre le premier membre de cette i l lustre assemblée participant des bienfaits que vous verserez sans doute à nos députés. Les dieux, Madame, se font non seulement un plaisir de nos demandes, mais i l s nous commandent de leur en faire, pour marquer par là notre i ndigence et le pouvoir qu ' i l s ont de la rempl i r. Par cette rai son, Madame, et par le rang que vous tenés parmi des deités humaines, je crois vous obl iger de vous demander du bien, parce que je confesse d 'en avoir besoin et que vous pouvez m 'en faire et me tirer de peine. Quand toutes ces rai sons ne vaudraient rien, j 'en ai une incontestable, parce qu'elle est divi ne, c ' est que Jesus-Christ dit, dans son Evangile, qu' i l faut tousjours demander aux riches du monde qui, pour se /[tu2r] del i vrer de l ' im portunité des demandeurs, leur donent enfin ce qu'ils desirent d'eux8. Jamais homme, Madame, n'a esté plus constant à importuner V.A. R . que moy. Vous 5 Bai l ly fait probablement allusion au Guillaume-François Carron, marquis de Saint Thomas ( lett. 798, n. 1 ). 6 En général, les députés que les Trois É tats chargés de porter le donatif à Turin recevaient une gratification. Dans cette lettre, Bailly demande d'être dédommagé des frai s soutenus pour un voyage qu' i l avait fait à Turin, probablement pour présenter le donat i f de 1 678. Cf. lett. 833, n . 4. 7 Il devrait s'agir de Antonio Garagno, nommé le 20 septembre 1 677 à la place de G iovanni Andrea Ferraris, qui avait été nommé Président des finances. En 1 659, i l avait reçu la charge de trésorier de la maison de S.A. et celle de maître auditeur en 1 667. l i fut aussi surintendant général du commerce. Il avait épousé Cleopatra Margherita, fi l le du collatéral et patrimonial général Bartolomeo Pont. G. G A L LI DELLA LOGGIA, op. cil., t. J ll , p. 1 68; A. MANNO, op. cil., t. XI, p. 1 63. 8 Allusion à la «parabole de l 'ami i mportun», Luc XI, 5-8.
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