La correspondance d'Albert Bailly Volume X Années 1677-1688 publiée sous la direction de Gianni Mombello
Lettre 885 27 1 b ienheureux, /[ f02 r] tout à fait insensible, surtout aux ataques qu ' on peut faire à ma fidelité, et au devoir que j 'ai de faire sçavoir à mes souverains, tout ce qui peut estre contre leur service et leur reputation. Ce fut donc, Madame, par ce seul motifque je pris l a l iberté dec decouvrir à cette souveraine defunte tout ce qu'on m'avoit escrit, et qu'on publ ioit à Paris des di scours pretendus qu'elle avoit tenus à mon prej udice pour me faire quiter son service, car à vous dire le secret, Madame, i l n'y avoit pas j usques aux ambassadeurs qui ne fussent ja loux de l ' honeur qu'elle me fai sait de me charger du soin de bien <d '> affaires delicates. Enfin, Madame, elle agrea ma franchise, et mon resentiment inno cent, et je prens la hardiesse d ' envoier à V.AR . deux lettres qu 'elle m' ecrivit /[f02v] sur mes plaintes, à la confusion de mes enemis. Madame la marechale de Guebriant\ qui m ' honoroit de son estime, les vit, et les trouva si dignes de la generosité de cette princesse, qu'elle voulout les faire voir à la Reyne5 qui, admi rant la protection que cette Princesse me rendait, dit tout haut ces mots: "Ma sœur merite d ' avoir des serviteurs fideles"d. Ce fut alors, Madame, que la Reyne voulut me cono itre mieux qu'elle n ' avait fait, et me commanda de pre cher le Careme devant Sa maj esté au Val de Grace6. Madame, V.A. R . n ' a pas besoin de modele, vous etes un origi nal sur lequel toutes les plus genereuses et mei lleures princesses du monde doivent se former, aussi ne vous propose pas la bonté et la sagesse de la Princesse defunte pour vous la fai re imiter, mais pour un exemple pare i l à celui que vous venez de doner à toutes les souverai nes d e bonté, aide, constance envers un fidele e t ancien serviteur, en l 'assurant que tous ceux qui vous font mal interpreter ses actions, ne d i sent pas la verité. Je souffrirais, Madame, plus patiemment ces meschants discours s ' ils ne vous etoient inj urieux à vous-meme, et ils pourraient vous attirer les avertions des peuples, s ' i ls etoient assés malheureux seulement pour en etre tentés. Cela est 4 Renée du Bec-Crespin, comtesse de Guébriant, femme de Jean-Baptiste Budes comte de Guébriant et maréchal de France. En 1 645, elle avait été envoyée en Pologne en tant qu'ambassadrice extraordinaire pour accompagner la princesse Palatine Marie-Louise de Gonzague. E l le fut nommée ensuite dame d 'honneur de la reine Anne d'Autriche. E l le mourut en 1 659. Cf. L. M0Rf.:R1, Le grand dictionnaire historique, Lyon, Librairies asso ciées, 1 0 vols., t. I l , p. 288. 5 Anne d'Autriche, mère de Louis XIV ( lett. 786, n. 2). 6 Dans une lettre écrite de Paris et datée du premier janvier 1 649, Bailly affirmait: 'Tay receu commandement de prescher devant sa majesté d'aujourd' huy en quinze jours au Val de Grace, ce sera le jour de l a teste de Saint Maur [ . . . ]" (Con: ll, lett. 99). Bailly dut avoir plusieurs occasions pour prêcher au monastère du Val-de-Grace; on rappel l e encore le pa négyrique qu' i l prononça à l 'honneur de Saint P lacide le 5 octobre 1 649 ( Ibid. lett. 1 59). Sur l ' activité de prédication de Mgr Bailly voir la note 4 de la lettre 784.
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