La correspondance d'Albert Bailly Volume X Années 1677-1688 publiée sous la direction de Gianni Mombello
280 Correspondance d 'A. Baillv - 1 6 7 7- 1 688 cela se peut, j 'offre de mettre mes satisfactions en la place des vôtres, et de por ter cette croix etrangere pour vous en exempter, s ' i l vous plait, de me l 'envoier. Je ne la quitterei point qu'avec la vie, et les novateurs meme qui acheptent, argent content, les protecteurs de leur opinion, auront un engagement à me b ien faire par me voir souten ir la doctrine de leur croix perpetuelle en soutenat j usques à la mort la pesanteur de / [ f02r] la vôtre, et laquelle même sera p l us de l eur gout plus elle sera pesante, plus eclatante, et p l us v isible. Madame, mon serieux n 'est j amais pur, l 'enjoüement s'y mele tousjours. Je veux donc, pour ne pas degenerer, egaier ma l ettre, et d ire à V.A.R. que feu Monsieur Sansoz2, votre secretaire, me parlant un jour de votre capacité en toutes choses, et de l 'universal i té de vos lumieres, me dit que vous entendiez le latin beaucoup mieux que l u i . Comptant donc, M adame, sur la parol e d ' un home qui ne m' a j amais menti, ni fourbé, j e vous fais, et vous presente l ' ab bregé de toute ma lettre en un distique latin dont vous penetrerez avec facilité le sens, comme j e vous supp l i e tres humblement, d 'etre bien penetrée de la verité de mes inviolables respects, et de la protestation que j e lui fai s d 'etre toute ma vie sans aucun menagement, et avec une rel igieuse veneration, Madame, de V.A. R . , tres humble, et tres obeissant suj et, e t serviteur O. Albert E. d ' Aoste Vos cruce dum exonero vobis, quem mitto libello. Sic me promissa vos onerate cruce. Madame, V.A . R. aura s ' i l l u i plait compassion de Monsieur de Lescheraine3 en l 'obl i geant de l ire mes traités4, qui pourront b i en le rendre plus h umain et plus doux à son corps, qu ' i l dechire d ' une maniere extraordinaire par les piqueurs qu ' i l lui fait avec les pointes de ses plumes depuis le matin j usques au soir. I l est vrai qu'elles sont delicates, mais la continuation et l ' application qu ' i l y apporte pourroient bien l 'accabler. " Jean-Claude Sansoz avait été d'abord secrétaire d' É tat et ensuite secrétaire de cabinet. Il était mort en 1 676. Cf. la note 7 de la lettre 785. 3 Le 23 novembre 1 676, Joseph-Marie de Lescheraine avait été nommé consei ller d ' É tat et secrétaire du cabinet, commandements et finances de la maison de S.A.R. à la place de feu le comte Sansoz. Ce personnage a été identifié à la note 4 de la lettre 786. 4 Mgr Bail ly fait allusion à son Traité de ! 'oraison, dont i l est q uestion à la note 1 de la lettre précédente.
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