La correspondance d'Albert Bailly Volume X Années 1677-1688 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Le/Ire 9()8 323 deux mots, qu ' i l a dit estre grecs, et les a rendus françois en ces termes: "les honeurs changent les moeurs". C' est à dire que bien souvent les homes, de modestes, de reconoissans et de fideles qu' i ls estoient auparavant, deviennent dans les élevations ambitieux, ingrats et infideles. "Grand merci - leur d is­ je - mes chers enfants. Vous me faites une excellente leçon, je tacherei d ' en profiter et d 'estre humble, reconoissant et tres fidelement attaché au service de mes souverains". E t j e vous en fai s une promesse autentique, Madame, en souhaitant à V.AR . durant tout le cours de cette année la même protection de Dieu qu' i l vous a si manifestement rendue au commencement, et même par anti cipation. /[f'2r] Marqués la bien, Madame, cette année sur vos heures pour vous ressou­ veni r, en priant Dieu, du puissant secours que vous avés reçeu de sa bonté, et qui par cette assistance victorieuse va faire éclater dans toute l ' Europe votre innocence, et le besoien [sic] qu ' avoit encore votre auguste fi l s de vos sages consei ls, au même temps qu 'on vouloit noirc i r la premiere, et rendre esc lave le souverain, sous pretexte de la faire regner2. Permettés moi, M adame, d 'adjouter, et c 'est par une ancienne bonté que vous daignés avoi r pour moi que vous souffrés ma s incerité. Souffrés donc, Madame, s ' i l vous plait, que je me rejouisse avec vous de vous voir si fidele­ ment servie par Messieurs vos secretai res mes confreres, car j 'a i eu l ' honeur d'estre autrefois ce qu ' i l s sont à present3 : "Heureuse Chancelerie, je te consi­ dere comme une vierge, puisque on n 'a pas osé, non pas seulement tenter, mais pas même taster la fidelité d ' aucun de ceux qui te rempl issent". Mon coeur s ' épanouit de j oie en proferant ces paroles. Je ne puis p l us rien dire, sinon que je suis respectueusement Madame, de Y.A . R. Ce 4 de j anvier 1 683 tres humble, tres obeissant et tres fidele sujet, et serviteur par voeu Le Pere Al bert 2 Il s'agit de la tentative de la part du marquis de P ianesse de renverser le pouvoir de la duchesse royale en faveur de son fi ls, le duc Victor-Amédée I l . Derrière la proposition avancée par le neveu de P ianesse, le comte de Druent i l y avait le désir du marquis de garder sa place de premier m i nistre. Même si l e duc écouta avec intérêt cette proposition, il en infomrn immédiatement sa mère et le 2 1 décembre 1 682 les deux traitres forent em­ prisonnés. Voir aussi l ' introduction, § 1 . 3 Sur la fonction de secrétaire exercée par Bailly voir lett. 804, n. 6.

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