La correspondance d'Albert Bailly Volume X Années 1677-1688 publiée sous la direction de Gianni Mombello

328 Correspondance d'A. Bail�r - 1 6 7 7- 1 688 mais si furieusement qu'elle l u i fit demander avec des cris un prompt secours à Dieu contre les attaques que les beautés des femmes qu ' i l conduisait avec lui pour le servi r faisaient à sa vertu. Et c'est sur ce grand exemple, Madame, que je ne souffre point de femmes chez moi , n i chez mes prestres5, comme votre Presi dent pourra voir dans mes additions que je l u i ai envoiées sur le chapitre De honestate clericoricum r, . Car enfin, Madame, ni moi ne mes pres­ tres ne sommes pas insensibles, ni moins capables des tentations que sainct Paul. V.A. R . me disait un jour avec ses belles, douces et gracieuses manieres que j 'avais eu tort de quitter le monde et d'entrer dans l ' Eglise parce q u ' i l lui semblait que /(f'2r] D ieu m ' avait fait exprés pour entreten ir les princes ne leur disant rien que d ' agreable. Pardonnés moi, Madame, s ' i l vous p l ait, si je vous dis que vous n'avés j amais donné l a moindre marque au moins d ' une apparente meprise tant vous estes eclairée qu 'au j ugement que vous rendîtes de ma vocation, que vous crûtes mal choisie; car si j 'eusse esté dans l e monde je n 'aura i s j amais eu l ' honeur de vous connaitre, de vous aborder, de vous écrire, de vous parler et ainsi j e ne vous aurais j amais écrit n i dit des choses jo­ lies et d ivertissantes. Enfin, Madame, le sti le enjoué et les entretiens plaisants et innocents ne sont pas contre l e caractere sacerdotal et on ne trouvera j amais dans mes lettre[s] des douceurs approchantes de celles dont les J eromes7 et les Françoi s de Sales8 tous saincts qu ' i l s estaient, ont assaisoné et remp l i les lettres qu ' i ls ont écrites9. Le premier à son illustre Paule10, la premiere dame de Rome, et ! 'autre à feu madame de Chantal 1 1 toutes deux veuves et toutes 5 Bailly s'était prononcé à ce propos dans les actes du premier synode qu ' i l tint en 1 659. Ensuite, en 1 66 1 comme ces actes n'avaient pas obtenu l 'effet souhaité il fit afficher aux deux égli ses principales d'Aoste un ordre par lequel i l réitérait ses décrets sous peine d'excommunication pour les contrevenants. Cf. Mgr J. Duc, Histoire de l 'Église . . . , cit., t. VII, p. 235 . 6 Il s 'agit des Additions aux constitutions �ynodales, publ iées à Aoste chez R iondet en 1 683 (petit i n- 1 8, 54 pages). Cf J.-M. ALBIN!, op. cil. , p. 1 65 . 7 A llusion à Saint-Jérôme. 8 Saint François de Sales (n. l , lett. 788). 9 Les deux saints auxquels Bailly fait ici allusion, ont été auteurs de correspondances copieuses. 10 Sainte Paule naquit à Rome le 5 mai 347, d 'une illustre famille. Elle épousa Tossozio, dont elle eut 5 enfants. Veuve très jeune, elle décida de se dédier entièrement à Dieu, et entreprit une vie chaste et austère. Désespérée pour la mort de sa fille a inée, elle fut réconfortée par les lettres de Saint Jérôme, qui avait été son maître. E l le décida ensuite de se détacher du monde et s'installa à Bethléem, où elle fit construire un hospice, dirigé par saint Jérôme, et trois mo­ nastères de femmes. E l le mourut le 26 janvier 404. Cf. G . MORONI, op. cit. , t. LI, ad vocem. 1 1 Jeanne-Françoise Frémiot, baronne de Chantal. En 1 592, elle avait épousé Chri stophe de Rabutin, baron de Chantal qui mourut en 1 60 l . Profondément désemparée, elle traversa

RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=