La correspondance d'Albert Bailly Volume X Années 1677-1688 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Le/Ire 929 369 i rrités, ils sont des lions et indomptables, et c ' est pour cette raison que nos souverains les ont toujours d istingués et traités avec beaucoup de bonté. Les eveques meme ne sont pas à couvert de leurs insultes, quand i l s ne savent pas les menager, et feu Monseigneur l ' eveque Vercellin6, vercellois, qui mourut l'an 1 65 1 , fut chassée du palais episcopal à coups de p ierres par le peuple que ce prelat avoi t maltrai té7. On informa là dessus le Senat de Savoie [qui] deputa le senateur Bergaira8 pour venir prendre conoissance de cet attentat. Le peuple le chassa encore à grands /[J"2r] coups de pierres et il fallut avoi r patien­ ce. Feu M .R . Christine9, aiant i mposé silence au Senat sur cette affaire dont la poursuite auroit eté dangereuse, et le bon eveque donna ! 'absolution aux agresseurs en pleine chaire. Un maitre des comptes nommé Appian 10, grand inventeur de subsides, vint i c i pour executer quelques ordres de la Chambre sans les presenter au Concei l, qui doit conoitre de tout ce qu i v i en t des magis­ tats de Savoie, et de P iemont qui n ' ont nul pouvoir ni j urisdiction dans ce pai s sinon en tant qu ' i l l a leur donne pa r appe l lation. Cet Appian donc, ne voulant point passer par ces fonnes et nous traiter comme des peuples dependans des magistrats de Piemont, de meme que les Piemontois, fut encore chassé à coup de p ierres; et sur la plainte qu 'on en fit au grand Charles Emanuel 1 1 , aïeul de notre prince, il fit cette reponce en rian[t], et j ' etoi s alors à la cour. Je le savois bien que mes chers Val d 'Aotains savoient conserver leurs privileges. Il y a encore une raison essentielle qui doi t faire d ifferer /[f02v] la tenue du Conceil, c ' est l ' absence de Monsieur Tillier1", secretaire de s Etats qui est in­ formé de toutes les choses qui concernent nos manieres, et nos coutumes, outre que sa capaci té et son zele pour l e service de S.A.R. peuvent beaucoup contribuer à la satisfation de ce prince. On l u i a écrit par deux differentes voies de partir incessament, et s i vous preniés la peine, Monsieur, de lui en ecrire un mot, cela le feroit hater de veni r. 6 Nous avons fourn i l 'identification de ce personnage à la note 1 8 de la lettre 794. 7 Lors d'un grand concours de gens du peuple assemblés dans la ville d'Aoste le 19 mai 1 644, à l ' occasion d 'une procession générale, Mgr Verceil in fut assail l i jusque dans son palais épiscopal où furent commises des insolences atroces et scandaleuses contre sa per­ sonne, à tel point qu'il fut contraint de s'évader par les écuries de sa maison. Cf. Mgr J. Duc, Mgr Jean Vercel/in. cit., pp. 82-84; J . - B . Dt: TILLIER, Historique . . ., cit., p. 408. 8 À propos de ce personnage voir la note 1 3 de la lettre 847. 9 C'est-à-dire ! 'alors duchesse régente Christine de France (lett. 786, n. 3 ). 10 li pourrait s'agir de Secondo Appiani, conseil ler d ' É tat et rétërendaire. Cf. A . MANNO, op. cil , t. I l , p. 63. 1 1 C'est-à-dire Charles-Emmanuel I"'. 12 Ce personnage a été identifié à la note 1 4 de la l ettre 877.

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