La correspondance d'Albert Bailly Volume X Années 1677-1688 publiée sous la direction de Gianni Mombello
54 Correspu11dancc d 'A. Bailly - 1 67 7- 1 688 vuidées. Voi l à le fait. Le sieur Roi revint de Rome saisi de ses sentences obte nues, comme j 'ai dit, non seulement contre les saints canons, mai s au mepris manifeste du commandement du Prince et au prej udice des privi leges de la couronne. Et il n ' est persone qui ne die hautement que s i Y.A . R . , Madame, eut eté i nstruite de l ' insolence de ce crim inel , bien loin de le proteger, elle l ' aurait asseurement fait arrester, ou bannir de ses Estats, à l 'exemple de feu S .A. R . qui en fit chasser un curé de ce pays appel lé Zagana12 qu i n ' avoit r i en fai t d 'aprochant d e l a temerité d e Roi , mais q u i avoi t /[f'3r] seulement appellé au S [ain]t Siege d ' une sentence definitive rendi.ie contre lui en j ugement contra d ictoire, et manqué de consentir à ce qu ' el le fut renvoiée aux j uges naturels et qu'elle fut j ugée à Rome; et S .A. R . ne pennit point son retour qu ' i l ne se fût departi du benefice de sa sentence et n ' eut paié au fi sc tous les frai s du procés, et il eut bien de la peine d'appaiser le Senat de Savoie, qui avoi t fait citter ce prestre et le vouloit punir comme i nfractaire " des privi leges de la courone. Ces premieres rai sons, Madame, vous font voir avec des rai sons de l umiere, l ' estrange surprise qu'on nous fit de vous persuader q u ' i l y alloit de l ' interest de notre authorité de proteger un felon que vous deviez, par j ustice, pun ir avec severité. I l n ' etoit p l us temps, madame, de traitter. Les privi leges etoient cas sés, et detruits par une sentence de Rome. Le prestre Roi avec tous ses desis tements et acquiescements à la recision14, ne pouvoi t resusciter ces privileges, et il faloit absolument qu ' un Senat, qui par les privileges de l ' Eglise gall icane dont il jouist peut declarer nulles toutes les provisions qu'on peut obteni r dans des tribunaux estrangers au prej udice des privi leges de la courone, i l fal loit - dis-je - que ce Senat b ien i nstruit de son pouvoir, les fit revivre ces privi leges en quelque façon morts, par un arrest digne de sa j ustice, et de sa vigueur. Aprés cela, Madame, je ne comprens pas avec quel front, on peut souten ir que S.A.R. ait doné parole à Roi de le proteger, et qu 'elle ait eté offensée de ce qu'on l ' a fait emprisoner à Chamberi . E t pour une confinnation invincible et que Y.A . R . , etant aussi esclairée qu'elle l ' est, approuvera sans doute, ce Prestre v int de Rome armé de ses sentences, et ainsi les choses n 'etoient p l us dans leur entier, et n 'est-ce pas imposer honteu sement à la clairvoiance de Y.A . R . de dire q u ' il est venu de Rome simplement pour vous obeir, et que sans ce mot i f il y seroit demeuré? Quelle i l lusion? Et 12 À ce sujet cf. Con: VI!!, lettre 6 1 8, n . 1 . 1 3 "Celui qui transgresse la loi". Ce terme est attesté dans l e Dictionnaire du Moyen Français, accessible sur le site http://www.atilf. fr/dmf/ (cf. en particulier l 'adresse sui vante: http://www.cnrtl.fr/definition/dmf/infractaire ). 14 Mod. rescision.
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