La correspondance d'Albert Bailly Volume X Années 1677-1688 publiée sous la direction de Gianni Mombello
Lettre 805 83 defec tueux qu ' i l ne vous a paru. Avec toute cette d i li gence, vous vous aper cevrez bien, Monsieur, quand vous me l ' entendrez prononcer, que j 'en suis l 'auteur et que je 1 'ai trava i l l é à la Val-d'Aoste; c'est à dire q u'on ne peut pas atendre d ' un home agé de 73 ans et qui escrit en Scytie4, un discours habillé à l a mode de France /[f0 1 v] quand même la steril ité de mon gen ie ne seroit pas un obstacle à une belle expression. Ovide, ce bel esprit, n ' a rien fait parmi les Sarmates d ' approchant de ce qu ' i l revoit à Rome, et feu Monsieur de Chateau Morant5, cet autre maitre, disoit que ce qu ' i l composoit en forest, quand il y a l loi t s'y divertir, etoit tres imparfait au respect de ce qu' i l <ecriv>oit à Paris. Mon esprit n'a pas l a fecondité de ces grands homes, <je>" partage avec eux une espece d 'exi l en un pays qu'on peut appel ler Scitie, ou forest, le comparant à P aris. On doit donc, pour me faire j ustice, excuser les defauts de mes ecrits, et l ouer l 'obeissance que je rends aux ordres supremes, qui est assûrement bien genereuse, puisque j 'aime mi eux risquer ma reputation que manquer de soumission aux loys" de ma souveraine. J ' en aurei tousjours infiniment pour les votres, car je suis, avec tous les respects possibles et sans menagement, Monsieur, votre tres humble, tres obeissant et tres obligé serviteur. D. A lbe1t E. d'Aoste'. a +'7+; 0 prendre+i+; ' [?]; 0 loys sur ordres; ' ce feu i l let a été écrit dans le sens de la lon gueur de la page. 4 C 'est Ovide même qui nous relate son exil chez les Scythes dans les fristes et l es ?antiques. Lorsq u ' i l apprit de la sentence d ' Auguste qui le reléguait aux fonds de la Mer Noire, il dut la croire comme étant la fin du monde puisque pour lui Rome était le centre du monde. Bai l ly a déjà employé cette comparaison avec le même sens dans Con: IX ( lettre 722, n. 000). Le thème de l 'éloignement de Paris et du sentiment <l'exile que Bailly éprouvait depuis son siège valdôtain recourt maintes fois dans sa correspondance (voir par exemple Corr. VIIJ, pp. 3 6-44 ). À ce sujet voir en particulier P. C!FARELLI, Le mythe de Paris dans la correspondance inédite de MgrA lbert Bail�y, dans A lbert Bailly, trois siècles après, cit., pp. 95- 1 07. 5 Bailly désignerait avec ce titre Honoré d ' Urfé (1 568- 1 625), auteur de / 'Astrée et de la Sylvanire. Il avait marié Diane Le Long, dame de Château-Morand qui, en premières no ces, avait épousé son frère Anne D ' Urfé; jusqu'au moment de son divorce celui-c i porta le titre de baron de Châteaumorand, et son frère dut le porter ensuite. Très lié à la mai son de Savoie, il avait fondé avec C laude Favre de Vaugelas l ' Académie Florimontane, à Annecy (Cf. 0.-C. REURE, La vie et les œuvres d 'Honoré d 'U1fé, Paris, P i on-Nourrit et ee, 1 9 1 0).
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