La messe au Mont Blanc

-8 gue nous eùt cnlevé tout appétit, on s'·est efforcé cependant de manger quelque chose. Le veni ne nous avait plus quittés depuis l'arète de Bionassay. Malgré cela, après une heure de re- ·– pos, on a proposé de tenter l'ascension. Quatre sont partis, trois sont restés. Comme je ne sentais plus la fatigue, que le temps déjà as·sez :mauvais ne pro– .mettait rien de bon pour le lendemain, et que je.. n'aurais pas voulu retournei- sans voir la pointe du Mont-~lanc, je me suis mis du nombre des partants. Nous étions dans cet ordre : O llier, Henry, Origorri et le guide. Barmaz à l'arrière-garde. Mal m'a pris de ma résolution, ou ·plutòt il m'a pris mal, . · comme vous le verrez. Le vent avait redoubl~. .Il nous fouettait mainte– nant la figure et nous envoyait par moments des ai– guilles de giace. Tant sur· la Grande que sur la Pe– tite Bosse, nous d evions nous arrèter presque à chaque insfant, et nous coucher sur l'arète pour ne pas ètre emportés. J e pensais alors aux pauvres mé– decins nécroscopiques de la vallée d'Aoste qiii au– ·raient dù venir par ici constater notre mort : aussi pour leur éviter cette peine, je me tenais le plus pos- sible sur le versant français. . Nous montons toujours. Ollier .r;tous indique main– tenant là devant nous la pointe du Mont-Blanc. On fait courage. · Il · y ,avait peut-ètre encore une soixantaine de mètres d'altitude à faire lorsque le i;nal· de montagne m 'a pris sous la forme de vornissements. Le mal de montagne, pour qui ne le saurait pas, est dù en grande partie plus à la fatigue qu'à. la ra– réfactiori de l'air. La preuve en est que les aéronan-· tes ont dépassé les plus hautes montagnes-du moiide, tout en ·n'éprouvant qu'une très petite partie des symptòrnes de çe mal. Voici' comment. il est expli-

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