Les Romains et les Salasses Abbé Henry

- 1 0 - il y a encore là de grandes touffes d 'her­ bes, et, quand on redescend du 'Mout Blanc, après avoir ét ' é plusieurs joars au milieu des glaces et des neiges, ces mas­ sifs de verdure que l ' on revoit vous ré­ jouissent le cœur : il semble que vous re­ venez à la vie et dans un monde habité. En descendant de la Haute allée d: :i.ns la Basse Vallée où l'on sent de plus le voisinage de l ' italien, ce mot de Chà prend une prononciation italienne et on dit Ciii . Plns bas encore, comme à Brusson, à Cressoney, à IOhamporcher, ce mot de Ch nz, Tsa, se change en G i à s s, . G ias , Gias­ set, Giass-it, Giats, Giatset, Dzasset. AiEsi à Lilliane : alpe de Giassit, vallon de Gùu­ sit, Col G iassit · (2026 m . ) A Champorcher : alpe Giassc t (2600 J11:. ) , ICol Gfosse t ou ]lt­ c e t , ( 2 7 8 5 m . ) . A Challand : alpe 1Giàss dans le vallon de Chasten. A Valtornenche : alpe Dzasse t ( 2 270 m . ) . A Cogne, sous i 'Herbetet, Glacier de Dzasset (3200 m . ) 4 ° Trama -i l . Ce mot est synonyme de Ch az . :.Mais si c haz, tsà ou isa vient du celte calmis, t ramail vient du verbe patc-i� t ra m é (déplacer) et du latin l ransnmt are (changer de place la u bétail et le porter plus haut) . En r500, on écrivait : tra n ­ nzay l, t ran nvellum, t ramnal, tramsiniiail, l ramaff A Bionaz, en 1499 : item d icu n t q u od poss u n t t e n e re eorum bestias en L€ slm;al e t in Sihia (La Serva) e t mutare et tra n s m u t a re d e u n o loco in ali um qua mio 110/uerin t . A Courmayeur, la lJlupart des aJ[Jes ont leur tramail : Alpe de Pré de Bar (206::; m . ) , Tramail de \Pré de Bar ( 2 20 2 rn . ) ; Alpe de .Bellecombe ( 2 19 2 m . ) , Tramail de Bellecombe ( 2 256 m . ) ; Alpe de Malatrà (2056 m . ) , Tramail d·e Malatrà ( 2 2 1 3 m. ) . A Valtornenche : Alpe de La Vieille (2050 m. ) , Tramail de la Vieille (2447 Jn . ) Le lram.ail n 'est pas une aLpe, mais seule'.11ent la partie supérieure d'une alpe . Le mot cle tramail correspond parfaitement au mot de lsà : dans le Valpelline, les montagn0s ont leur t sa., comme à Courmayeur les mon ta­ gnes ont leur t ra m ail. A Ollomont, les mots de tra m ail et de tsa sont remp.lacés par le mot les Ba r a q u e s du nom de mode de construction, car presque toujonrs, la station la plus é1evée de l ' alpe est la plus ma.J bfttie : il n'y a souvent qu'une cons­ truction rudimentaire, ou dans · un creu:;:, ou adossée à une roche ; une baraque, qu(Ji . Conune diminuttif de Tranuiil, nous avons Trania.illet, un petit tramail. Comme dérivés du mot tra mail, nous avons les mots tremà, trau ma. Ainsi : lo 'l're 111à de Luc J\feynet, à Valtornenche; la Tra um a d es Boucs ( 3 26 _ 6 m . ) , derrière Crête Sèche à Bionaz. Du verbe rnu tare et trans1111ûa re dérivent 111 idn nda · et' l rasmu tanda, séjour à changer, stations de change1nent . Du mot niutandn est venu le mot Mua nda et puis Man da, La - 1\Ian d a : diminutifs l\!Ian d et ta, Mian­ detta petites alpes. Ainsi nous avons : les deux Manda ( z r oo m. et 2 294 '111. ) à Val­ tornenche; La ilVIan da ( 2 3 7 1 m . ) à Cogne; La 1 i \/ I u e n da ( 1 873 m. à Bosses; Lia M i a n ­ d a à Issime; I,a i\!Ianda à Brusson etc . . . L'habitation de l ' alpe est constituée de trois domiciles : 1° une étable; 2° üne cui.­ sine; 3° un magasin frais . pour les fontines et le beurre . Ces trois bâtiments divers de l ' alpe ont souv·ent donné le nom à toute l ' alpe. 5° Etable. En patois Io Baou, du celte b e u . Ce nom de baou a donné le nom à des alpes . Ainsi, à Bionaz, lo Baou di Bo · u ­ qu e ( 1 9 0 0 m .1) l'étable du bois; à Morgex, lo Bon di Baou ( 1 7 1 0 m . ) le bois de l'étable . Le mot étable vient du 1latin Sta b ulv . n1 De ce mot ta bulurn. sont venus 1es noms des alpes Estoul (1950 m . ) à Ayas; Sla,:al ( 1 8 26 m.) à Gressoney; Lesta·ual à Bionaz; I�cslcivel à Ollomont ; E tavel à Saint-Pierre; Etab loz à Brissogne . . .

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