Les Romains et les Salasses Abbé Henry
velles telles qu'elles leur sont arrivées et d'après les racontars tels qu'ils les ont entendus, sans pouvoir les contrôler en contradictoire ·entre les deux pairties. Aussi leurs ouvrages fourmà.l.lertt-ils c1e récits fantaisistes qui [es déparent et. qni prêtent fort à douter des passages même où ils semblent dire la vérité. 1° Pline (Nat. Hist. XVIII, 49) nous ra conte que les Salasses, pour nuit-.� à leurs ennemis, descendai.ent dans la plaine, (d'I vrée) avec leurs charrues, et qn'ils la bouraieut ces champs de la plaine, déjà semés à froment, dans l'intention de les d�vaste;r (Salassi, quum depopu.lare n for agros) : mais voilà •qu'ils obtinrent 1' effet contraire, parce que les champs ainsi la bourés donnèrent un produit plus abon dant: de là est venu l'usage de passer une seconde fois Ja charrue sur les terres pour les r.endre plus productives. Les voyez vous donc, les Salasses, avec bœufs et charrues, s'en aller tranquille ment et paisiblement (aujourd'hui on di rait, la pipe en bonche) d �vaster les cl!amps de leurs ennemis, à Ja porte de leurs ai sons ! ? Ce sont des contes à mettre dans le; almanachs. 2° Strabon nous dit que les Salasses, h31- bitant dans une région aurifère Kru . s e ia, étaient occupés à la recherche et [111 lavage de l'or. Or, géologiquement parlant, la Vallée d'Aoste, comme du reste toute l'Italie, n'est nuLlement une région aurifère. 1Par ci , !Par là, quelques maigres filons d'or, et c'est tout. Pline dans son Histoire naturel .. le ne mentionne pas l'a.r dans la Vallée d'Aoste mais seulement le enivre. Cuivre et fer ce sont les seuls minéraux qui abon dent dans la Valaée d'Aoste .et dont les Salasses se seront servis pour faire leurs instruments de travail. 3° S t ra b on continuant sa narration nous dit que << le fleuve, la Doire, aidait beau coup les Salasses à laver l'or: :pour cela, ils divisaient l'eau de la Doire en une mul titude de petits canaux, et mettaient à sec ·l e lit du fleuve, ce qui leur était beaucoup ntile pour retrouver l'or. Mais cela indis posait les gens de la plaine qui n'avaient plus assez cl' eau pour arroser leurs terres ''. Et plus bas« Les Salasses occupant les sommets des monts, vendaient l'eau à ceux qui prenaient en location les entreprises publiques de l'or >>. Les historiens, presque à l'unanimité sont d'accord à réléguer ces assertions dans le nwnde des inventions. Mettre à sec le lit de la Doire quand elle coule à pleins bords entrainant et submergeant les prop1iétés riveraines, arrêter les torrents impétueux nombrèux affluents de la Doire, retepir l'eau en montagne dans des lacs artificiels et la ven<lre goutte à goutte aux entrepre neurs, tout cela « :Paix au grand gfogra- - plie! >> sort du domaine de l'histoire rpour entrer dans 1.e champ de l.à fable. 4° Qui ne voit que ce n'étaient là que des prétextes anis en avant par les conquérants romains pour s'emparer de la Vallée d'Aos te. Les Romains étaient alors en train à soumettre et à tenir soumise l'Europe du Nord soit la Gaule et la Germanie. Or les Salasses, occupant la Vallée d'Aoste, étaient malheureusement sur leur passage. Les Romains n'en voulaient absolunent eas aux :Salasses, auxqu(:ls ils n'avaient rien à reprocher (Appius Claudius agressus Salassos, genteni .alpinam\, c;uib11.s nihil eml quod o bjici posset. Dion, fragments), mais ils en voulaient à leur position stra t,égique 1exceiptionne1le, car "L1X Salasses détenaient seuls la route par laquelle seule les ;Romai·ns devaient et pouvaient passer pour se porter rapidement contre les Gau lois et le� Germains. La Vallée d'Aoste n'est qu'un long corridor; mais ce corri-
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