Les Romains et les Salasses Abbé Henry
qu'il a ssignait aux vétérans pour garder le rpays conquis: l'autre partie restait aux vaincus n. Strabo finit sa narration c11 ces termes : cc Et maintenant toute cette contrée voi sine, jusqu 'aux plus hauts sommets de la montagne, vit tranquille et �n paix (nunc a:utem finitima regio, ad summa qnontiuni cacumina, pacata 'Vi'Vit) lJ. Donc; les Ro mains :vivaient en :paix avec les Salass<::s restants. Pour pouvoir dire que l'on vit en paix, il faut être au moins denx. ISi les Romains étaient restés tout �euls, �ls n'avaient pas occasion de se chamailler. L'inscrirption trouvée à Aoste en 1894 e t qui date des JPrenùers jours de la fon dation même Ide fa Ville d 'Aoste par Var ron, nous montre les Salasses, déjà tout . de suite alors, constitués en colonie ro maine cc Salass · i incolœ, qui initio, se in coloniam contulere n. En nous mettant sur un terrain plus solide, rpositif et pratique, et en interpré tant le mieux possibJe lies textes des grands écrivailns ci idessus dtésl, uous 1icuvons reconstituer comme suit les diverses pha ses du gr.and drame de - l'occupation du pays des Salasses par les Romains. 9 ° Les lRomains occupèrent complète ment tous les pays de la plaine situés d'un côté et k:le l'autre de la grand route . e ntr e Ivrée et !Aoste; iils occupèrcn � également tous les pays confinants à 1a grand route entre Aoste et le !Petit-Staint-Bérnard d'un côté, et entre Aoste et le Grand-Saint-Ber nard de J'autre côté. Pour que J . es routes fussent sûres, il fallait que les populations riveraines !fussent aussi sûres. Cela est évident. 10 ° Qrue les rRomains aient ensuite oc cupé toutes les douze à . quinze 11autes val lées secondaires du pays d'Aost(o avec Œeurs · innombrables sous-vallées et vallons, cela n'est pas rà croire: {:l'abord parce qu'ils auraient perdu énormément d'hommes en allant s ' engouffrer dans ces défilés remplis de piéges, facilement défendables par les Sa.lasses habitués à la petite guerre et qui se trouvaient là comme chez eux dans leur élément : (un vieux proverbe Salasse dit que (( chez soi, aa vache bat le bœuf ,, ) ; et ensuite iparce que ces populations ni chées 1au sommet des vallée<> collatérales, à la distance de 20, 30, 40, 50 kilom&tres de la grande route qui courait .dans le fond de la iVa;llée centra1e, ne constituaient nul lement '1n danger irnmédiat 11.iour cette gi-ande route, vu, d 'aùtre part, que les Romains possédaier;t et commandaient les pieds et iles débouchés de chacune de ces Vaillées collatérales. II0 Nous l'avons dit au n. ï: cc J_,es Ro mains anéantirent complètement la Nation des Salasses: on compta 8.ooo hommes de guerre et 36.000 homme(> de toute quali té, lesquels furent vendus ù l'i::nchère à Ivrée JJ. Admettons ce chiffre. Et puis quoi? Si 1la · [population des Salasses cons tait de roo .ooo hommes, ce chiffre en re présente à peine la moitié. Nous savons ce qui arrive clans les gner res. Les !Salasses traqués par les Romains se seront refugiés dans I.e haut de tontes les Vallées où les Roma:ns ne pouvaient pas penser à . les poursuivre . 1L'eussent-ils fait? Rien de plus facile pour [es Salasses que de rpasser la frontière avec fe.mmes et enfants iet d'aller rnomentanfrni::nt deman der l'hospitalité aux : hab i tants du Valais, les Nantuates, les Véragres, les !Sédttniens, les Ubériens avec · lesquels ils étaient en bons rapports d 'amitié et dé commerce :1 travers les cols d'Ayasj de Valtornenche, de Valpelline. . . Cela se fait dans toutes les ' g uerres. Pendant 1a guerre, po11r_a\1oir la vie sauve, on se cache, on échappe; l])Uis quand le pays ·est repacifié, ou même passé à d'autres maitres, on rentre un peu à la
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