Les premiers guides de Courmayeur
-17- (( Nous arrivàmes à Courmayeur le 15 juillet au soir et nous apprimes que !'on venait de construire la veille la ca.bane du Tacul, au pied de I' Aiguille du Midi, qui devait faci liter !es ascensions au Mont Blanc. Tous !es guides et porteurs de l'endroit, au nombre de 46 (quarante six) avaient été pris pour le transport et la construction de cette baraque ; aussi le soir de notre arrivée, tous !es guides étaient-ils fatigués. Ce ne fut donc que le lendemain que nous entràmes en pourparler pour notre ascension. Une dizaine de guides se déterminèrent de suite à nous suivre, et le soir, nos préparatifs faits, nous montions coucher au Pavillon du Mont Blanc » . Les noms de ces dix braves se trouvent consignés en plusieurs endroits: Ce sont: Belfrond J oseph Marie dit Rogalla, Grange J ulien dit La Berge, Bareux Gratien, Berthod Dauphin, Perrod J oseph Marie, Revel Joseph Alexis; Mochet Pierre J oseph, Ottoz Miche! J oseph, Henry Gratien, Peti– gax Pantaléon. (Au moment où j'écris il y a encore deux de ces guides en vie: Grange Julien et Ottoz Miche! Joseph). On connait ce qui arriva. On suivit le chemin qu'avait pris M. Ramsay, on s'éleva bien plus haut que lui, à une cinquantaine dc pas environ de la sommité du Mont Blanc, mais à cause d'une tourmente affreuse, on ne put cette fois encore tou– cher la sommité et on dut redescendre à Chamonix. Après cette ascension manquée, il arriva la meme chose qu'après l'ascen– sion manquée aussi de M. Ramsay. Les uns disaient qu'on avait été au som– met du Mont Blanc et Ics autres non. Mais il faut av.ouer que de ce déguise– ment de la vérité !es guides ne sont pas seuls coupables, !es Messieurs ont toujours été plus ou moins complices. Ainsi, à propos de l'ascension présente, MM. Briquet et Maquelin écrivent dans la petite brochure qui contient la rela– tion oflìcielle de l'ascension « qu'ils sont arrivés à cinquante pas de la cime du Mont Blanc, mais qu'ils ne l'ont pas touchée » tandis que dans la lettre ci-dessus citée à la Feuille d'Aoste, ils écrivent textuellement: « A midi nous atteignimes le sommet du Mont Blanc » . « Nous ne pùmes que tou– cher le sommet et redescendre à la hàte, le vent nous coupant la figure ». Dans le certificat délivré à Grange Julien, Mo!se Briquet dit de meme: « Nous devons ajouter que c'est à son énergie et à sa persévérance que nous devons d'avoir réussi, sans lui nous ne serions pas arrivés au som– met ». Première ascension du Mont Blanc. - Enfin le 13 aoùt le Mont Blanc est définitivement subjugué, tout de bon, cette fois. Julien Grange, Perrod J oseph Marie et Orset Adolphe y conduisirent l'anglais M. Head. Lorsqu'on fut arrivé au sommet, le guide Perrod, brandissant son piolet et en menaçant !es Chamoniards s'écria: Mes bougres de Chamoniards, celte fozs nous n'avons plus besoin de vous pour arriver au somme! du Mont Blanc. Après cet évènement à sensatibn, le Col du Géant, qui était jusqu'ici la montagne .à la mode, va passer en seconde et troisième ligne et après le Mont Blanc !es autres montagnes de la chaine, parmi lesquelles en pre– mier Iieu la Grande J orasse, vont etre attaquées .et découronnées !es unes après !es autres.
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