Lettres de l'Abbé Joseph Trèves à Félicien Gamba

Préface 9 mêmes et généralement considérés comme des rêveurs, de purs idéalistes, donc un peu comme des gens inutiles ou pis encore, comme des vaniteux avides de gloire, donc à dédai­ gner". "Ah ! l'histoire, la véritable histoire, prise · dans son sens le plus large et le plus profond, celle qui pour ainsi di­ re embrasse toutes choses, ne saurait jamais être trop esti­ mée ni trop aimée" (Cf. Lettre CLI). Révélatrices d'une sensibilité délicate, ces paroles de Trèves nous livrent sa conception de l'histoire, tout à fait moderne, qu'il a tâché de diffuser autour de lui et d'incul­ quer dans l'esprit de ses nombreux correspondants. 5 Parfois, l'enthousiasme qu'il met dans ses recherches at­ teint le pathétique, et la joie presque enfantine qu'il éprouve devant une bonne trouvaille efface la peine et les déceptions qu'il a rencontrées sur son chemin. Noble et suggestive nous paraît la leçon qui découle de son attachement à l'histoire d'Emarèse, qu'il a entrevue dans sa totalité, dans ses moindres manifestations, dans ses per­ sonnages les plus humbles, comme une entité vivante qui lie le passé au présent, en conditionnant l'avenir. Pour lui, la "tradition" considérée dans son sens étymologique, a comme support naturel, non seulement l'individu et la communauté, mais encore et surtout le milieu, voire cette terre aride et en­ soleillée ayant une dimension presque humaine. Par sa volonté de "vivre l'histoire" en la rattachant au génie de notre civilisation, Trèves nous a offert peut-être inconsciemment la définition la plus efficace de "Tradition valdôtaine" en tant que témoignage de certaines valeurs au­ thentiques qui n'ont absolument rien à voir avec les arides schématismes d'un traditionalisme abstrait et révolu. ( 5 ) Sur la conception historique de l'abbé Trèves cf. dans ce mê­ me volume !'Appendice : L'abbé Joseph Trèves et l'histoire valdôtaine.

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