Lettres de l'Abbé Joseph Trèves à Félicien Gamba

2 1 6 Abbé Joseph Trèves Historia, magistra vitae ! Hélas ! combien cette parole et sentence si belle et si honorable pour l'histoire, et pour l'humanité, combien, di-je, elle est peu vraie en pratique. Nous répétons les mêmes erreurs, nous commettons les mêmes fautes que nos pères. La génération présente (il est pénible de le dire ! ) vaut réellement beaucoup moins ( à part de bien beHes et honorables exceptions ) que la précédente et que les anciennes au point de vue religieux, moral, intel­ lectuel, social, économique et physique, sous tous les points de vues ! On dit : crise économique ! V rai ! mais plus vrai de dire : Crise de fa foi ancienne, avant tout ! Crise de fa mo­ rale de nos pères avant tout ! Là est la première source du mal ! Je ne parle simplement que d'Emarèse, voke même seu­ lement du village de Sommarèse, pourtant, relativement aux autres, encore le mieux conservé. Mais le spectacle est navrant ! Il est devenu presque un demi-désert ! Cinq enfants seu1lement dans l'unique Ecole existante et une simple 3ème élémentaire, tenue par une maîtresse frivo­ le ! Mais c'est un vrai désastre ! Reportons-nous seulement 50 ans en arrière, c'était un village florissant à tous points de vue. Mais un souffle mauvais, très pernicieux à tous les points de vue, est passé par là et y a accumulé les ruines. Donc, mon bien cher Félicien, per carità di patria si ce n'est pour d'autres motifs encore supérieurs, que ton travail immense, d'une ténacité héroïque, réclamant de ta part des peines, des soucis, des sacrifices inouïs, que ton travaH dis-je, tout en étant historiquement le plus conscien­ cieusement, disons, scientifiquement le plus documenté, et vrai et impartial et le plus complet que possible, concoure, de grâce, et 1 le plus efficacement que poss1ble, à cette oeuvre de relèvement moral, social, économique et civil qui s'impose.

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