Lettres de l'Abbé Joseph Trèves à Félicien Gamba

Lettres à M. Félicien Gamba 2 1 7 Le hameau montagnard d'Emarèse, décapité, abandon­ né, piétiné, se meurt ! se meurt ! se meurt ! Une seule force morale, vivante, source de résurrection, reste sur place : le Curé ! Et pour résister au sein de pareilles situations extrè­ mement douloureuses à bien des points de vues, il faut, crois­ le, une foi et un courage et une abnégation presque littérale­ ment héroïques ! Certes, si Dieu a fait les Nations guérissables, à plus for­ te raison les Paroisses et les hameaux. C'est un cri de dou­ leur patriotique que je jette ici, et pas un cri de désespéran­ ce ! Ah ! non ! Seu'1ement tout en moi, bien cher Félicien, te crie en­ core une fois de chercher le plus possfüle à rendre ton tra­ vail ardu, vaste, complexe, aussi instructif, aussi moral, aus­ si encourageant et reconstructeur que possible. Car en vérité, la situation présente est lamentable. Nous devons tous chercher pro passe à y porter remède, et remède aussi prompt, aussi approprié et efficace que pos­ sible. Démolir et descendre, c'est fadle. Reconstruire et remonter la pente, c'est combien plus difficile. Il y faudra le travail plein de foi tenace et d'amour in­ domptable de plusieurs générations. Déjà, Dieu soit béni ! je vois à Emarèse des signes et germes de résurrection. La nuptialité, arbandonnée presque pendant des années, va reprenant peu à peu. Et sur le nom­ bre de ces nouveaux foyers nous en voyons de ceux résolus à suivre courageusement, fièrement les meiHeures traditions de foi, de travail, d'économie et d'honneur de nos pères. Oui, que Dieu en soit béni ! Tu me pardonneras, mon cher Félicien, cette ouverture

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