Lettres de l'Abbé Joseph Trèves à Félicien Gamba

Lettres à M. Félicien Gamba 293 taire spécialement, tous ses amateurs sincères, seneux et passionnés doivent se tendre réciproquement une main la plus fraternelle, loyale et cordiale que possible. Car nous, fouilleurs historiques, nous cherchons et vou­ lons, n'est-ce pas, avant toutes choses, dans les Documents et les données historiques, la vérité et cette vérité aussi com­ plète que possible. Maintenant certes, de cette vérité nous avons le droit, et jusqu'à un certain point le devoir, d'en di­ re, tirer et proclamer tous les enseignements, et toutes les leçons qu'elle renferme pour la lumière, instruction conduite et satisfaction de nos lecteurs présents et, supposons, futurs. Historia, magistra vitae. Mais hélas ! en vérité, com­ bien les enseignements de l'histoire profitent peu aux in­ dividus, aux famiHes, à nos chères populations, à la Société et à ses Régisseurs, disons à l'Humanité entière. C'est toujours, à peu près, 'les mêmes erreurs et les mê­ mes sottises qui se renouvellent à travers les âges et les mê­ mes fautes que l'on commet. Errare humanum est ! Cela pourtant ne doit point nous décourager. Notre devoir avant tout ! Fais ce que dois, advienne que pourra ! Tout ceci, dit une fois pour toutes, mon cher F. et pardonne-moi bien de te l'avoir exprimé si longuement et si franchement. La clar­ té, la simplicité, la loyauté et la rondeur sont choses que j'ai héritées de ma famille et de ma race émarésote. Elles me sont en vérité, bien chères, elles risquent même de primer sur tout. Là où elles manquent, ils me semble que presque tout manque. Donne-moi le temps d'examiner un peu à mon aise ton Plan. Mieux encore aide-moi à le comprendre et à m'en faire une idée aussi exacte que possible. Absorbé par le la­ beur immense, tenace et des plus méritoires du recueil des Documents et des matériaux, tu n'as pas encore eu le loisir de publier une portion fût-elle la plus minime de ton ou­ vrage. Aussi est-il impossible de se faire la moindre idée de