Lettres de l'Abbé Joseph Trèves à Félicien Gamba

Lettres à M. Félicien Gamba 307 te recommander toi ( donc toutes les intentions de ton âme, et toutes les aspirations et affections de ton coeur), toi ( donc implicitement ta famille, ta santé, ton travail, tes études ), toi, mon vieil et fidèle ami Emarésot, cela chaque matin au S. Sacrifice de la Messe: au Memento des vivants. 1° Pour le salut éternel de ton âme et de celle de tous ceux qui te sont chers, tout comme aussi pour la pro­ tection céleste en faveur de tes affaires temporelles, mais 2° spécialement pour que Dieu t'accorde vie et santé et force et moyens pour mener à bonne fin ton immense, complexe, héroïque entreorise en faveur de cet Opus Magnum conçu d'une façon merveilleusement complète en faveur de « Mont­ jovet et son Mandement » devenu en ce tournant de l'his­ toire « La grande Commune de Montjovet ». Car enfin mon cher, notre vie est fragile : elle ne tient qu'à un fil lequel peut se briser et au moment où l'on pense le moins ! Jusqu'ici la Providence, après t'avoir doué de dons et talents et volonté supérieurs, t'a protégé d'une manière tou­ te spéciale et t'a toujours accordé une santé de fer résistant à toute épreuve. Combien nous devons en remercier le Seigneur, auteur de tout bien ! J'ai dit ça une fois pour toutes et je fais cela avec joie, reconnaissance et amour et, en vérité, cher Félicien, moi, comme pauvre petit Emarésot, orphelin de père et de mère à 1 8 ans, à la veille d'entrer au Séminaire, ayant cé­ lébré ma ire Messe à 26 ans, avec 800 francs de dettes pour parvenir à terminer mes études, et n'ayant hérité qu'une somme évaluée alors à 2 mille francs de mes chers parents (ils ont même fait trop de sacrifices pour nous, ayant en plus élevé une famille qui sauf erreur, me semble assez bel­ le, de 1 2 enfants, et le 1 2e c'est celui qui t'écrit ces lignes ) j 'ai dû vendre mon patrimoine pour payer mes dettes (j 'ai fait 7 ans le Vicaire, et les Vicaires - c'est très beau et mê­ me admirable - ils vivent de confiance en Dieu) .