Lettres de l'Abbé Joseph Trèves à Félicien Gamba

Lettres à M. Félicien Gamba 355 CLI Aoste pour Excenex, ce 22 février 1 940 . Cher Félicien, mon cousin, Je suis heureux que nous soyons liés encore par les liens d'une chère parenté en plus de ceux d'une estime et affection ancienne déjà, fidèle et profonde, cimentée par notre com­ mun amour pour le pays natal d'Emarèse, pour notre Vallée d'Aoste bien-aimée et son histoire toujours plus belle, plus intéressante et instructive et plus estimable et honorable, à mesure qu'on l'approfondit davantage. J'ai toujours regretté de voir trop peu de Valdôtains passionnés pour les recherches historiques du Pays et ceux qui se livrent avec le plus entier dévouement à ces recher­ ches - pour le bien et l 'honneur et l'agrément de tous -· trop abandonnés à eux-mêmes et généralement considérés comme des rêveurs, de purs idéalistes, donc un peu comme des gens inutiles ou pis encore comme des vaniteux avides de gloriole, donc à dédaigner. Ah ! l'Histoire, la véritable histoire, prise dans son sens le plus farge, et le plus profond, celle qui pour ainsi dire, embrasse toutes choses, ne saurait jamais être trop es­ timée ni trop aimée. Pour moi, je la remercie de coeur des satisfactions que elle m'a données et du bien qu'elle m'a fait. Elle a toujours été, au fond, une des grandes passions et des plus grands amours de ma vie, des plus modestes qui soient au monde. Ce n'est nullement pour toi, cher Félicien, que j 'écris ces lignes, ce court soliloque, car tu en as fait l'Idéal indé­ fectible de ta vie entière, exemple rare, trop rare dans rtos temps présents, mais c'est là un pur épanchement de mon coeur, sachant que toi, historien dans l'âme tu sauras me comprendre et m'excuser.

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