Lettres de l'Abbé Joseph Trèves à Félicien Gamba

Appendice II 389 et de Croce, notre abbé a eu tout de même la géniale intui­ tion de la « contemporaneità » de l'histoire. D'après Trèves, celui qui vit vraiment le présent ne peut demeurer un froid érudit. « Si nous aimons tant !'His­ toire - écrit-il - ce n'est pas seulement par culte sincère et juste envers le passé, c'est tout autant par amour pour le présent et par vif désir de voir l'avenir perpétuer et même développer si possible les meilleures traditions de nos pè­ res . . . Aussi, aux recherches du passé, si nous ne voulons pas faire un travail trop défectueux, il nous faut unir l'étu­ de et les observations des besoins présents et tenir compte des courants et des aspirations saines et justes de nos contem­ porains, je dirais presque des générations futures » ( Lettre XI). Deux siècles auparavant, Jean-Baptiste de Tillier s'était inspiré de ces mêmes principes que nous retrouvons dans son Historique de la Vallée d'Aoste. Selon Trèves, l'histo­ rien doit donc considérer le passé dans ses rapports avec les créations spirituelles et les préoccupations du présent et les recherches historiques doivent marcher de pair avec les né­ cessités pressantes du Pays. Quelles étaient ces nécessités ? Premièrement la défen­ se de nos autonomies communales et scolaires (l'auteur écri­ vait vers 1 920 ), la liberté d'enseignement, la conservation de la foi et de la langue de nos pères. D'autres problèmes, tels que l'émigration, l'industriali­ sation progressive, le féminisme chrétien-social, l'immigration massive, seront aussi analysés par l'abbé Trèves dans leur génèse. Quant aux problèmes concernant la femme, nous tenons à signaler cette considération de notre abbé, qui paraît tirée de I'Essai sur l'éducation des femmes de Félix Orsières : « L'histoire valdôtaine jusqu'ici, à part quelques châtelaines privilégiées, n'a guère eu que le silence à l'égard de la Fem­ me. Nous, historiens modernes, soyons justes envers elle. El-

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