Lettres de l'Abbé Joseph Trèves à Félicien Gamba
Appendice li 393 ignore l'histoire de notre Vallée. « En général - se plaint-il - elle méprise notre passé, parfois même elle le renie ». « Les jeunes la plupart du temps blasphèment ce qu'il igno rent. Ils sont des déracinés dans leur hameau natal même, des étrangers au sein de leur propre Pays ». 1 3 L'abbé pense évidemment aux conséquences douloureu ses qui s'ensuivront de ce fait pour l'avenir de la Vallée, et il se pose à son tour la question : à qui la faute si les jeunes sont devenus des étrangers au sein de leur propre Pays ? Qui se donne la peine d'enseigner cette histoire à notre jeu nesse ? Non certes la classe de nos instituteurs « écrasée - selon lui - et ficelée par des programmes antiscolaires ». 14 Fidèle à la tradition cléricale « anti-risorgimentale », il trouve que dans les écoles primaires publiques nos jeunes, au lieu d'apprendre l'histoire bien plus intéressante du Pays, s'enfarcissent l'esprit des origines légendaires de Rome et - ce sont ses mots - « du récit des soi-disants hauts faits du prétendu Risorgimento ». 1 5 La bourgeoisie ? Elle a bien d'autres choses à quoi pen ser. Elle a ses affaires et l'histoire « ça ne rend pas » . Il est curieux d'apercevoir dans notre abbé, de vieille souche paysanne, des sous-entendus polémiques assez vivaces contre la bourgeoisie valdôtaine. « Notre bourgeoisie ? - s'écrie Trèves - mais si trop souvent elle est la première à accueillir à bras ouverts théo ries, modes et langage qui jurent avec le parler, la modestie sensée et les croyances séculaires de nos pères ! Et la fameu se classe dirigeante, où est-elle ? Qu'est-elle ? Que fait-elle pour notre histoire ? » . 1 6 En laissant la jeunesse dans l'ignorance de l'histoire, la Vallée court, selon Trèves, un danger réel. C'est que, peu à (1 3 ) Ecrits, cit., p. 67 et p. 1 15. ( 1 4) Ecrits, cit., p. 67. ( 1 5 ) Ecrits, cit., p . 1 16. ( 1 6 ) Ecrits, cit., p. 68.
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