Lettres de l'Abbé Joseph Trèves à Félicien Gamba

394 Appendice II peu, l'impiété athée et matérialiste pourrait se prévaloir de cette ignorance pour façonner à son image et ressemblance une histoire de la Vallée mensongère et impie. Pour éviter cet inconvénient, il souhaite la « renaissan­ ce historique valdôtaine », dont l'Académie St-Anselme de­ vrait se faire, à son sens, le porte-étendard. « Mais, hélas - s'écrie Trèves - cette noble Institu­ tion de nos pères a le plus grand besoin d'un rajeunissement, sinon elle va devenir quelque chose de stérile et de suranné, voué à l'isolement et à la mort » . 17 « Il est fort regrettable - ajoute-t-il - de voir une Société qui devrait incarner la pensée et l'âme valdôtaine se tenir à l'écart, isolée, comme enfermée entre quatre murs, espèce de chapelle aristocratique où ne pénètrent que quel­ ques rares privilégiés, pris presque uniquement dans la cité, chapelle ouverte de deux à trois fois par an seulement et tombée actuellement [on était aux dernières années de la pré­ sidence Frutaz] dans un véritable état de dépérissement ». 18 Ce thème du renouveau de l'Académie St-Anselme re­ vient maintes fois dans la correspondance de Trèves. « C'est ave une sincère douleur - écrit-il - que nous tenons ce langage à l'égard d'une Société pour laquelle nous éprouvons, à la pensée de son glorieux passé, un véritable s entiment d'admiration et à laquelle nous nous sentons attaché par tou­ tes les fibres de notre coeur de prêtre et de patriote » . 19 * ·k * L'intérêt social demeure à la base de la conception his­ toriographique de l'abbé Trèves. Les critiques, pas toujours pertinentes, qu'il adresse à la bourgeoisie et à la noblesse ( Cf. Lettre CXXX) préludent chez Trèves à une sorte d'histoire populaire et sociale. « En vérité - écrit-il - je trouve que jusqu'ici on ( 17 ) Ecrits, cit., pp. 68-69. ( 18 ) Ecrits, cit., p. 148. (19) Ibidem.

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