Lettres de l'Abbé Joseph Trèves à Félicien Gamba
Appendice II 397 tombèrent évidemment dans un terrain fertile, déjà prédis posé à cette action sociale à laquelle l'humble recteur de Pro miod s'était depuis longtemps consacré, avec ce petit groupe de confrères qui ont été chez nous les précurseurs de la dé mocratie chrétienne : les Micheletto, les Lale-Mury, les Bor det, les Jaccod, et tout principalement Jean-Joconde Stéve nin, dont on connaît les rapports étroits avec Romolo Murri. Sous l'impulsion surtout de Louis Gorret, prévôt de la Cathédrale et chef reconnu de l'intransigeance catholique, ce groupe de prêtres (et avec eux le cercle de jeunes lévites du Grand Séminaire, mieux connus sous le nom de « Jacque mistes » ) fut exposé, aux premiers temps de l'épiscopat de Mgr. Tasso ( 1 908- 1 9 1 9 ), à l'accusation plus ou moins ex plicite de « modernisme ». En fait, ni Trèves ni ses amis n'ont jamais été des mo dernistes. Ici encore on aimait confondre l'action sociale et politique avec un phénomène d'une portée religieuse bien plus vaste. Cela, bien sûr, n'exclut pas la présence de certains pro dromes modernistes en Vallée d'Aoste : l'hebdomadaire du docteur Anselme Réan, Le Progrès, paru en 1 906, nous le témoigne. Mais ce mouvement novateur n'a pas eu une suite. Les relations que Piero Giacosa entretint avec Réan, l'amitié que lia Antonio Fogazzaro à l'abbé Jean-Jacques Christillin, l'incomparable auteur des Légendes de la Vallée du Lys, l'en gouement que, paraît-il, le chanoine Marcel Christillin 24 et d'autres rares ecclésiastiques ont eu pour le modernisme, sont des événements qui ne sortent pas de la sphère des faits personnels. Chez Trèves, pas la moindre trace de modernisme théo logique. Il est aussi très éloigné du catholicisme libéral; sa (24) Cf. lettres inédites de Mgr J.-A. Duc au chanoine D. Noussan ( 1909-1915). Aoste - Archives privées.
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