Lettres de l'Abbé Joseph Trèves à Félicien Gamba

Préface 7 On ne doit donc pas s'étonner si dans ces lettres le sty­ le se ressent de la fiévreuse activité de l'auteur. Si, au point de vue littéraire, les qualités essentielles des oeuvres de Trèves sont en principe la sobriété et la mesure, la vivacité et le naturel, dans sa correspondance l'auteur dé­ verse au contraire une avalanche de considérations, presque toujours rédigées "currenti calamo", et qui nous révèlent un tempérament enthousiaste et parfois même passionné. Voi­ là pourquoi dans ce vaste répertoire d'idées qu'est la corres­ pondance, il s'est servi d'un style pittoresque, tantôt prolixe et tantôt télégraphique, un style à la"Jean le Simple" , son pseudonyme préféré. Trèves n'eut jamais le temps de relire son courrier: cela explique maintes phrases incomplètes, l'omission de quelque mot, les nombreuses anacoluthes, certaines libertés pindari­ ques, différentes répétitions, plusieurs déformations syntaxi­ ques et même orthographiques, que toutefois on pardonne volontiers à un homme qui a su incarner, dans une période orageuse, les valeurs spirituelles du Val d'Aoste, ainsi que son idéal autonomiste. Maintes fois, Trèves lui-même reconnut" les longueurs, le décousu et l'abandon" de sa correspondance (Cf. Lettre LVI). Et encore : "Chaque lettre que je t'adresse ... est une vraie causerie à coeur ouvert avec un ami, un frère ... Aussi pardonne-moi mes longueurs, mes redites, mon griffonnage " (Cf. Lettre CXXIV). Cela dit, nous nous sommes permis - dans cette édi­ tion - d'améliorer certaines tournures décidément impossi­ bles, tout en respectant la substance du texte original dont le style révèle l' « animus » de l'auteur. Nous n'avons pas résolu les abréviations et avons gardé les majuscules, même là où l'usage courant ne le consent pas. Dans cette correspondance de Trèves les préoccupations politiques sont presque toujours absentes, sauf certaines al­ lusions à la"Jeune Vallée d'Aoste" (Cf. Lettre XLVII) et

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