Quelques lettres de l'Abbé Joseph Trèves Pierre Gorret

Quelques lettres de l'Abbé ]oseph Trèves 95 Petigat nous donne cette belle et complète et touchante et réjouis­ sante carte de notre Vallée - soignée au possible, en 1 925 - Es-tu d'accord ? Elle ornera ton bureau de travail . Voyons, mon cher, fais-moi bien ce plaisir . Tu rends par là un sensible service au Pays, à la Cause Va�dôtaine et au français . Moi je pense aux Ecoles . Le français y agonise, mon cher, si nous ne réagissons point énergiquement et promptement . Ici, au Pays, nous sommes des déclamateurs, des phraseurs, des lamenteurs mais vraiment trop peu des faiseurs. Certes, si je suis heureux de te revoir, cher Pierre, mais pas à Gillarey, je suis infirme . Les marches me sont interdites, sauf que je me remette . Mais si tu ne peux venir à Promiod, j 'irai à Antey. Viens vite, si tu veux encore voir la vieille physionomie bien-aimée de ton Pays natal avant que la Breda n'y pose son empreinte utilitaire et égoïste. Mais surtout, je t'en prie, règle tes choses de façon à ce que ton séjour en Amérique soit abrégé le plus possible . Reviens te fixer définitivement au Pays . Tu lui manques . Tu manques à l 'Académie, au Petit Séminaire, au Journal, à !'Histoire du Pays, au Messager, à tes amis ! Tu trouveras du travail énorme à faire en tous genres. Les ouvriers sont si restreints que c'est à se déconcerter. Et l' « Histoire de ton Antey chéri ? » . Et l'étude de notre patois etc. etc . . . . ? Reviens, reviens, c'est l'heure ! . . . Ton vieil archiprêtre vénéré baisse à vue d'oeil. Je crains pour lui. La santé est minée. Pourvu que cette oeuvre grandiose et provi­ dentielle de l'Asile ne l 'enterre point ! Antey a là un curé héroïque, apostolique, un curé d'or ! Il n'a pas son pareil en Vallée d'Aoste . Et il ne rencontre pas que des roses, hélas ! à la fin même de sa carrière archiféconde. Je me trouve trop seul, mon cher, dans mon action modeste mais franche de revendication valdôtaine.

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