Quelques lettres de l'Abbé Joseph Trèves Pierre Gorret

12 Quelques lettres de l'Abbé Joseph Trèves ligence et en aptitudes. C'est faux ! Et pourtant cela nous porte un bien grave préjudice. Moi, je le vois chaque jour ! Et puis une timidité inouïe, sans fondement. Pour moi il me semble que je commence bien à m'en débarrasser; mais je recon­ nais que j 'en ai encore un tas et demi. Donc, Gorret, fais-toi honneur ! Et par là honore la famille, le Pays natal, la Vallée entière, et par dessus tout l'Eglise et le Clergé ! Nous sommes dans un temps où les spécialités s'imposent de plus en plus, sinon nous sommes coulés et la Religion avec. Je me trompe, ami ? Evidemment, soigne ta santé sérieusement, philosophiquement, anglaisement ! J'espère qu'au Canisianum tu as tout le loisir et la commodité de pratiquer toutes sortes de sports ; pas comme au Sé­ minaire d'Aoste où l 'on prend à coeur de faire des prêtres invalides à l'âge de 2 3 , 25 ans ! Horreur ! Et dès que j e suis sur ce chapitre, - c'est vrai, j e n'ai pas encore les cheveux blancs, je ne les ai pas même encore grisonnants, sera-ce un crime ? - laisse-moi encore te dire que dans tes études et ta littérature, vise avant tout toujours et partout, au sérieux, à la dé­ fense de la Foi, de la Morale, des grands principes patriotiques, so­ ciaux, religieux, de Vérité, Justice et Fraternité ! Cela évidemment, chacun selon son tempérament et ses aptitudes. C'est pour te dire que à mes yeux le dilettantisme littéraire, l'art pour l'art, est une véritable aberration, indigne d'une intelligence tant soit peu forte et d'un coeur tant soit peu noble ; pas n'est be­ soin d'ajouter, indigne d'un chrétien ! Merci, sans doute, cher Gorret, de tes paroles bienveillantes à l'égard de mon action de propagande Prévoyante et Pensionnaire au sein de nos bien chers Campagnards. Elle est bien modeste, c'est vrai, mais Dieu sait combien elle est materiata, jusqu'à ce jour du moins, d'abnégation, de fatigues, de sacrifices ! Pour moi 1 909 et 1 9 10, un peu la reconstruction de la Cha­ pelle, un peu la Propagande VaJ.dôtaine de la Cai5se Nationale, sont pour moi deux années massacrantes qui m'ont abrégé littéralement la vie !