Quelques lettres de l'Abbé Joseph Trèves Pierre Gorret

Quelques lettres de l'Abbé ]ose ph Trèves 129 QUARANTE-DEUXIÈME LETTRE. Cette fois-ci M. Trèves s'emballe pour de bon. Après une in­ cartade contre les félons et les fossoyeurs de notre langue mater­ nelle, il annonce avec joie la formation du Corps des " Volontaires Valdôtains ,., branche issue de la J.V.A. Six ans après la consti­ tution de celle-ci, de nouveaux adeptes sont venus grossir ses rangs et son Président se sent fier de son Etat Major. Le serait-il encore aujourd'hui ? L'idée d'une Confédération Italienne avec un Etat Valdôtain fédéré, l'exalte, l'enthousiasme. Sans être prophète, ni fils de prophète, il voit de loin la chute de la dictature, la fin de la Monarchie, et, 15 ans à l'avance, il pronostique la venue de la République Italienne. Ce qui est sûr c'est que, malgré tout, son optimisme est au Superlatif. Excenex, ce 20 juillet 1 93 1 Mon bien cher Ami Gorret, Je reviens vers toi en ce jour avec JOle et confiance, très fra­ ternellement mais j 'ai hâte de t 'en prévenir dès le début, assez au long selon ma façon coutumière que tu seras assez bon pour me par­ donner. Mon bien cher Gorret, je constate avec un vrai sentiment de joie, de réconfort - au sein de l'heure douloureuse que nous tra­ versons - et même avec fierté que ton amour pour la Vallée natale, la Patria Augustae de nos pères, toi, du sein de la lointaine Améri­ que, tu l'as conservé noblement intact et infrangible, peut-être mê­ me, devrais-je dire cet amour chez toi a été affiné et intensifié par tes longues années d'exil sur la terre étrangère. Alors que nous ren­ controns ici, au Pays, sur notre chemin, plus d'un laïque, cultivé j 'entends, renégat et félon ou tout au moins d'une lâcheté dégradan­ te et reniant facilement tout, et ce phénomène est encore bien plus douloureux - inconcevable même - quand on le relève dans un Groupe restreint mais compacte de Jeunes Prêtres Valdôtains ita­ lianisants à outrance et fossoyeuœ résolus de notre langue française maternelle bien aimée. Toi, Gorret, tu es resté un fier et irrédentible Valdôtain et tu le seras toujours.

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