Quelques lettres de l'Abbé Joseph Trèves Pierre Gorret

Quelques lettres de l'Abbé Joseph Trèves 153 « Je crains d 'être étranger ou plutôt, pardon ! J'ai peur après de si longues années de me trouver étranger dans ma patrie » . Mon Dieu, des changements sont survenus, inévitablement. I l faut bien que, bon gré mal gré, pour le moment du moins, nons les constations ( parfois combien douloureusement ) . Mais, il y a en­ core des choses qui sont restées et qui te restent, et, premièrement tes amis. Plus vite tu viens et plus tu en trouveras encore qui te tiendront compagnie, qui seront bien heureux de te revoir, de pas­ ser avec toi de longues heures pour causer ; mieux de t 'avoir tout frais compagnon d'idéal, d'aspiration, de lutte, de travail, de con­ fiance et de combat. Tu seras pour ta chère Vallée natale, un défenseur tout neuf, qui n'a trempé dans aucune action ou manoeuvre de banque, de com­ promission de partis etc . . . Tu n 'en aurais que plus de force. Et tes méthodes et habitudes américaines peuvent nous faire du bien à plus d'un point de vue. - Aie confiance ! - Du courage ! de l'audace ! c'est ce qui nous manque le plus ici à nous Valdôtains du Pays ! Puis, tu trouverais toujours à Antey, ton doux Pays natal, cet incomparable curé Ch.ne Bordet - lutteur héroïque ! - sur lequel l'on dirait vive Dreu ! que les ans n'ont point ou guère de prise. Comme il te recevrait à bras ouverts ! Et quel bien ne lui ferais-tu pas dans ses vieux jours ! Car il est et sera de plus en plus sans vi­ caire ( la pénurie de prêtres en Vallée d'Aoste se fait déjà sentir en ce moment ) . Une paroisse sans curé : Oyace. Les Vica!Îres se comp­ tent sur les doigts d'une main. Dans 5 ans, cette pénurie deviendra bien douloureuse, c'est évident . Et, mon Dieu, mortel comme nous tous, quand il devra partir pour la récompense éternelle, tu seras là veillant, sur place, à ce que ton Antey natal soit pourvu d'un Curé nouveau le plus adapté possible. C'est ce que je lui souhaite, dès ce jour, de tout coeur. Je te parle, ex abundantia cordis, tu le vois, et tu seras assez bon pour me pardonner ma simplicité, mon abandon, mon ingénuité ou ma bonhomie inguérissable. Donne à cela le nom que tu préfères. Pour moi l 'essentiel, c'est que tu veuilles bien m'écouter avec un brin de bienveillante attention. Voici mon rêve. M. le Curé Américain de Providence ( St. Bartholomew's Rectory ) , Père Pierre Gorret d'Antey, rentrant dès

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