Quelques lettres de l'Abbé Joseph Trèves Pierre Gorret

82 Quelques lettres de !'Abbé Joseph Trèves de relever un peu mon si malheureux Pays, rniustement bafoué à cause de l'horrible tragédie dont Dieu a permis qu'il fût le théâtre . Ces trois motifs me poussent fortement à terminer ce travail et à le publier. J'y mettrai le plus possible de ma foi, de mon patriotisme, de mon coeur et de mon âme. Je veux, pour autant qu'il dépend de moi, le bourrer de vérités même sanglantes, envers et contre tous ! Me fallût-il payer ça 5 mille frs. Je suis disposé à me hasarder jusque là. Deux mille francs, volontiers je les y sacrifie du mien, fruit d'une conviction profonde et d'un amour inviolable envers la religion et mon Pays ! Les autres trois mille j 'irai les quêter, sans trop de honte ; ce n'est pas pour m'engraisser, parbleu ! Moins encore pour riboter, abstinent obstiné que je suis ! , j 'irai les quêter aux quatre coins de la Vallée et même du monde s'il le faut. Et j 'ai la confiance ferme que la Providence suscitera de-ci de­ là des âmes généreuses, des coeurs patriotes pour m'aider et me soutenir ! Aujourd'hui, regarde, Gorret, je viens en terminant ma cause­ rie, tendre humblement la main vers toi très franchement à cette intention. Loin de moi l'idée qu'on soit un Crésus par le fait même que l'on habite 1l'Amérique ! Tant s'en faut ! Frais débarqué que tu es, tu auras même probablement assez à faire pour ton compte . N'importe ! Je suis persuadé que par amitié pour moi et pour la cause que je désire soutenir trop faiblement c'est vrai, mais franchement, c'est de coeur que un dollar ou deux tu me les envoie:> volontiers de la lointaine Amérique. Et avec le change ça contribue­ ra vraiment à m'aider. Puis, vois, cela m'encouragera. Car ici, en Vallée d'Aoste, telle est en ce moment la situation générale que je n'ai guère que l'ami Lale à m'y encourager un petit peu, moralement, lui pauvre et boy­ cotté par Aoste indignement jusqu'à ce jour.

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