Une injustice, la suppression des écoles de hameau
- 12 - V. Un deuil cuisant. Avez-vous jamais vu, ami lecteur, a près une journée de violent orage, l'ar bre vigoureux et élancé dominant de sa tête superbe le village entier, horriblement ébranché, tristement décapité ? La foudre a noirci et sillonné en tout sens, de raies sinistres, son tronc séculaire. Dévasté et comme broyé par la tempête qui s'est acharnée contre cet innocent, lui, le pro tecteur et l'orgueil du village, ne présente plus, à l'œil attristé du voyageur, que des fünèbres tronçons mutilés : une vraie rui ne pleurante qui vous serre le cœur ! - Voilà la triste image de nos pauvres hameaux valdôtains, privés de leur école bien-aimée et dépouillés à nu de leurs fonds scolaires ancestraux. Ils en font le deuil, les malheureux, · mais un de ces deuils concentrés, brûlants, cuisants qui vous rongent et consument la vie. Ils se sentent injustement opprimés et comme piétinés par l'Autorité supérieure scolaire, dépouillés qu'ils sont indigne ment de . ce qu'ils avaient de plus cher et de plus précieux : . leur école et ses fonds à elle ! - Ils se voient honteusement condamnés à l'ignorance obligatoire et forcée pour le présent. Et l'avenir ? l'avenir se pré sente à eux sans encore un rayon d'es poir à l'horizon ténébreux. Et, pour rien au monde pourtant, fiers de leurs nobles traditions glorieuses d'instruction et d'éducation chrétienne, ils ne veulent cette tare ignominieuse pour leurs enfants chéris, ce chancre hi deux pour leur descendance bien-aimée. Qui les consolera ces hameaux désolés dans leur douleur poi gnante ? * * * Et ils se - demandent avec angoisse : « Les fonds de notre école où sont-ils allés ? A une autre école de notre com mune ? A une école d'·une autre commu ne de l'arrondissement d'Aoste ou de la province de Turin ? ou bièn même loin, très loin, pour fonder une école nouvelle dans la Basse Italie, au fond de la Calabre ? » Pour nous, nous regrettons sincère- ment de ne rien savoir encore de . précis à cet égard. Pourtant, nous aimerions bi�n le savoir. Nous en avons le droit. Nous le sauron . s, àllez 1 Mais nous nous prendrons bien garde d'aller le demander aux larrons indignes qui ont osé porter r sur ces fonds pieux, environnés d'un res pect religieux par toute ll.ne série de gé nérations, une main impie et sacrilège. * * * Mais, avez-vous remarqué l'étrange dé tour hypocrite qu'a pris notre brave Gou vernemenL. libéral pour parvenir à cette opération d'ignoble escamotage. Calin et doux, il dit d'abord à nos hameaux : « Les rentes de vos écoles-sont · vraiment trop petites. Je vais vous les augmenter généreusement 1 » (Mais de nos deniers toujours, ne l'oublions point).
Made with FlippingBook
RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=